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Le petit commerce, plus en mutation qu'en déclin selon le Conseil d'analyse économique

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AFP
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25.05.2023

Contrairement aux idées reçues, le petit commerce français ne se meurt pas ! Mais il subit une profonde "mutation" marquée par "de grandes disparités régionales" et la multiplication des "bars et restaurants" au détriment d'autres activités commerciales, selon une note du Conseil d'analyse économique (CAE) publiée jeudi.


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Les autorités "s'alarment de la disparition des petits commerces" qui "apportent des services de proximité", "revêtent parfois une dimension de service public" et "participent à l'activité touristique", relèvent les économistes Marie-Laure Allain et Anne Epaulard, autrices de cette note du CAE, un organisme placé auprès de Matignon.

Mais, "malgré les difficultés de certaines zones géographiques, le petit commerce connaît plus une mutation qu'un déclin", estiment-elles dans leur étude qui porte sur le commerce de détail (hors grandes surfaces) et certains services (bars, restaurants, services aux ménages). Ces activités représentaient en 2019 près de 430.000 établissements et 2,5 millions d'emplois.

Globalement, le nombre de petits commerces a continué de croître légèrement entre 2013 et 2019 (+0,7%). Mais avec d'importantes disparités géographiques, "entre le dynamisme des banlieues" - seules zones où les commerces continuent de se développer plus vite que la population - "et le net recul du nombre de commerces hors restauration en zone rurale".

Depuis "le milieu des années 2010", on assiste par ailleurs à "un changement dans la structure" du secteur, avec "davantage de bars et de restaurants", observe encore le CAE.

Prêt-à-porter et chaussure face à d'importantes difficultés



Interrogé par l'AFP, le sociologue Vincent Chabault, auteur de "Eloge du magasin" (Folio), explique cette tendance par la "progression des repas pris à l'extérieur" et "la valorisation de la diversité des restaurants" dans "le pays de gastronomie qu'est la France".

A contrario, d'autres commerces souffrent. Ainsi le prêt-à-porter, la chaussure et les maisons de la presse font face à d'importantes difficultés, surtout lorsque les magasins sont "positionnés en milieux de gamme", explique-t-il.

Drancy (Seine-Saint-Denis), banlieue populaire de 70.000 habitants située au nord-est de Paris, illustre ces diverses tendances. Plusieurs commerces s'y sont installés ces dernières années et une brasserie doit encore ouvrir ses portes prochainement.

Mais la situation de certains petits commerces dans l'habillement et la presse y demeure fragile. "Depuis le confinement, c'est très compliqué", explique Patricia, de la boutique Stéphy-Laure Lingerie. Même son de cloche à La maison de la Presse, qui n'est "pas la priorité des ménages" surtout en cette période d'inflation, selon son gérant, Hocine Mahmoudi. Après 12 ans d'activité, il ne "sait pas combien de temps" il va "tenir comme ça".

"Dans l'ensemble, les petits commerces semblent avoir bien résisté tant à la crise pandémique qu'à la crise énergétique", note pourtant le CAE, qui précise que leur situation financière s'est même "améliorée" avec un nombre de faillites "bien inférieur" à celui de 2019, avant la crise sanitaire.

Les autrices décrivent des petits commerces résilients, capables de s'adapter à leur "environnement concurrentiel" qu'il s'agisse des grandes surfaces ou de l'e-commerce.

"Mythe"



"L'histoire du commerce moderne montre qu'aucun format n'a disparu: la grande distribution tout comme les plateformes ont concurrencé les petits commerces de bouches mais ne les ont pas fait disparaître", confirme Vincent Chabault.

La "disparition du petit commerce est un mythe réactivé à chaque révolution commerciale", résume-t-il.

En zone rurale toutefois, sa disparition est "réellement préoccupante", selon le CAE qui préconise des mesures "ciblées" et "pilotées au niveau local", les jugeant plus efficaces que des politiques publiques nationales comme le dispositif Action coeur de ville.

A la mi-février, le gouvernement a annoncé un plan d'aide à l'installation de commerces dans les villages qui en sont dépourvus. Doté d'une enveloppe de 12 millions d'euros sur 2023, il permettra d'accompagner un projet jusqu'à 80.000 euros pour un commerce physique et 20.000 euros pour un commerce itinérant.

Ce plan est salué par le CAE qui avertit cependant que la rentabilité ne sera pas toujours au rendez-vous et préconise la création de postes de "référents" dans les administrations locales, avec pour mission d'aider les communes à développer des solutions innovantes, comme des régies municipales.

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