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07.03.2016
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Agnès b., quarante ans de création d'une styliste engagée et "franc-tireur"

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AFP
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07.03.2016

« Je n'aime pas la mode, j'aime le vêtement » : depuis quatre décennies, la styliste Agnès b., qui présente mardi son défilé à Paris, a tracé sa voie singulière, préférant à la publicité un engagement en faveur des arts.


La créatrice de mode Agnès B. sur le tapis rouge de Deauville le 6 septembre 2012 - C.TRIBALLEAU / AFP


Sa signature tracée d'une écriture penchée, ses cardigans à boutons pression et t-shirts rayés ont fait sa popularité. Quarante ans après l'ouverture de sa première boutique rue du Jour, dans le quartier parisien des Halles, elle a réédité des pièces des débuts, comme des jupons colorés.

« Je les avais faits à l'ouverture de la boutique, teints dans ma baignoire, ils n'étaient même pas secs parfois ! » raconte la créatrice de 74 ans, de son vrai nom Agnès Troublé, dans son bureau lumineux près du canal Saint-Martin.

« Je dis souvent que je n'aime pas la mode, mais j'aime le style, j'aime le vêtement, celui qu'on peut garder et remettre dix ans, vingt ans après », décrit-elle, vêtue d'une jupe longue en crêpe Georgette sur laquelle est imprimée une photo de paysage islandais.

« J'ai toujours voulu faire des vêtements bien pensés, faits pour la vie moderne, dans lesquels ont peut avoir confiance », explique-t-elle en fumant une cigarette, une fleur dans ses cheveux blonds.

Pour les quarante ans de l'ouverture de sa première boutique sont prévues des expositions, notamment des t-shirts d'artistes édités par cette découvreuse de talents. Un livre doit aussi sortir en septembre chez La Martinière.

Agnès b., qui s'est d'abord installée dans un quartier des Halles en pleine transformation, a ensuite très tôt ouvert à New York et au Japon, où elle rencontre un immense succès.

« Toujours voté à gauche »

Mécène, collectionneuse d'art, galeriste, elle sourit en évoquant ses soirées avec Basquiat - « on était comme larrons en foire ! » -, ou ses souvenirs avec Keith Haring, rencontré à Venise.

Férue de cinéma, productrice, elle a réalisé un film My name is Hmmm... en 2014, et habille David Lynch. Cette grande amatrice de musique a aussi habillé David Bowie, notamment pour ses anniversaires de 50 ans et 60 ans.

Connue pour ses vêtements sobres et urbains, Agnès b. ne regarde pas ce que font ses pairs. « Je ne suis jamais allée nulle part, ni chez Kenzo, ni chez Sonia Rykiel, ni chez Isabel Marant. Je n'ai pas envie de savoir, j'aime mieux regarder la rue », explique-t-elle.

Quant aux débats qui agitent le monde de la mode sur le calendrier des collections, ils ne la concernent pas : « On ne fait pas des vêtements qui se démodent au bout de deux mois, on n'est pas dans la même problématique », tranche-t-elle : « Je suis différente, un peu franc-tireur. »

Elle a beau avoir eu une fille avec le publicitaire Philippe Michel, elle se targue de n'avoir jamais fait de publicité pour sa marque. « Je déteste la pub ! C'est de la manipulation », clame Agnès b., marquée par les slogans soixante-huitards.

Issue d'une « famille versaillaise de droite », elle a pourtant « toujours voté à gauche » : la guerre d'Algérie fait naître très tôt sa conscience politique.

A seulement 17 ans, elle se marie avec l'éditeur Christian Bourgois, dont l'initiale du nom de famille devient sa signature de styliste. De cette première union naissent des jumeaux, dont Etienne Bourgois, directeur général de la maison. « On était dans les manifs tout le temps », se souvient-elle.

Aujourd'hui encore cette fervente catholique, également soucieuse d'écologie, ne manque pas de sujets d'indignation : le vote Front national, l'évasion fiscale, le sort des réfugiés. Elle a récemment signé une tribune avec d'autres personnalités contre le démantèlement de la jungle de Calais.

Patronne d'une maison de 2.000 salariés, elle a toujours approuvé les 35 heures, et s'enorgueillit de faire fabriquer 40 % de ses vêtements en France. Sa marque, distribuée dans près de 300 boutiques et corners dans le monde (dont 141 au Japon), a réalisé un chiffre d'affaire de 300 millions d'euros en 2015.

Mère de cinq enfants, seize fois grand-mère et deux fois arrière grand-mère, n'a-t-elle pas envie de passer le relais ? « Je vais organiser peu à peu », dit-elle, projetant de constituer un petit bureau de stagiaires payés, « pour repérer quelqu'un à terme ». Mais « je vis au jour le jour, j'adore mon travail ! »

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