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12.11.2019
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Zyga Pianko disparaît à 97 ans

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12.11.2019

Pionnier du prêt-à-porter au début des années 50 et fondateur de la maison Pierre d’Alby, Zyga Pianko est décédé à l’âge de 97 ans. 


Zyga Pianko - crédit : D.Oskar


Originaire de Varsovie en Pologne, Zyga Pianko quitte son pays occupé en 1939. Un exil qui le conduit dans les camps de réfugiés, d’abord en Russie, où il apprend le métier de bûcheron, puis à Téhéran, où il gagne sa vie en vendant des coupons de tissus. Après cette expérience iranienne, il devient interprète de polonais-anglais-swahili en Ouganda (il parle aussi le russe et l’allemand).
 
Rêvant de rejoindre le Venezuela, il s’arrête finalement en France en 1949, travaille dans l’atelier de confection d’un polonais, puis lance aux côtés de sa femme sa première maison de confection, Piantex. "Connotée trop Sentier, Piantex devient Pierre d’Alby, parce qu'étranger je voulais le nom le plus français qu’il soit", raconte-t-il dans le livre Histoires de la mode de Didier Grumbach paru en 2008.

Croyant dur comme fer à la formule du prêt-à-porter à prix abordable, Zyga Pianko connaît alors un succès retentissant avec Pierre d’Alby. "Pour nous, l’âge de nos clients importe peu, expliquait-t-il dans l’Express de 1970, nous habillons la silhouette. Nous sommes résolument pour une coupe jeune, moderne, de bon goût, qui refuse l’excentricité et le farfelu. Nous vendons dans toute l’Europe, en Angleterre, au Japon et tout est fabriqué à Vierzon et quelque part en Pologne."
 
Bien inspiré, l’homme à la barbe remarquable et "l’accent du R qui roule" selon les mots d'Agnès b., décide d’aller chercher les jeunes créateurs du moment pour l'accompagner. Daniel Hechter en 1958 invite le style militaire dans le dressing de la marque ; Emmanuelle Khanh suit et ses modèles se vendent dans les meilleures boutiques parisiennes (Dorothée Bis, Sonia Rykiel, Vog…). Compteront aussi Michèle Rosier, Jacques Delahaye ou encore Jean-Charles de Castelbajac.
 
"Nous nous aimions beaucoup, explique ce dernier, c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier et avec qui j’ai signé mon premier contrat de créateur. Avant Zyga, je vivais dans une utopie de rock n’roll, et j'entrais dans une époque épique, le vrai monde du prêt-à-porter, où j’allais dessiner pour vendre des milliers de pièces. Zyga Pianko était un chaman, un personnage charismatique, n’aimant pas le consensus, audacieux, allant chercher la jeune création, un genre de seigneur aimant être entouré de créatifs."
 
Autre personnalité prise sous les ailes de Zyga Pianko : Agnès Troublé, alias Agnès b., qui collabora pour Pierre d’Alby à ses tout débuts. "J’avais 23 ans, Zyga était gentil avec moi, un homme joyeux, drôle, charmant, classe. C’était l’époque Dorothée Bis, V de V et Pierre d’Alby achetait mes dessins pour produire 35 000 manteaux. Nous avions lancé ensemble des modèles de chaussures qui faisaient un tabac. Je l’aimais beaucoup."
 
Pionnier du prêt-à-porter, Zyga Pianko avait également ouvert une boutique dans les années 60, appelée La Nacelle, dans le quartier des Halles, une adresse qu’occupera ensuite le styliste Bernard Carasso et sa « Maison bleue », maison de mode culte d’après 68. Il cèdera sa maison en 1992, détaille Didier Grumbach dans son ouvrage, et collaborera ensuite avec une de ses amies, Irena Gregori, tout en continuant à s'intéresser et recevoir la jeune création. Son fils Philippe et sa soeur Viviane ont créé en 1984 la marque Zyga, une maison de mode en son honneur dédiée aux femmes et au lin. 
 

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