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02.03.2019
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Paris, une mode entre ombre et lumière

Veröffentlicht am
02.03.2019

Deux tendances fortes ont émergé des podiums parisiens entre vendredi et samedi. D’un côté, une attitude « strong » avec une palette à dominante sombre, déclinée dans une silhouette très masculine chez Haider Ackermann, rebelle chic Eighties chez Balmain et rock-romance chez Altuzarra. De l’autre s'est fait jour un filon plus romantique misant sur la légèreté des vêtements et sur les couleurs.
 

Haider Ackermann, automne-hiver 2019-20 - © PixelFormula


Haider Ackermann, masculin/féminin

La salle est plongée dans l'obscurité. On entend juste une le souffle d'une respiration et un battement, celui d'un cœur ? Au fond, une porte s’embrase en une intense lueur rouge laissant apparaître les premiers mannequins, les cheveux luisants, gelés par le froid. Ils foulent le long tapis blanc comme neige, les mains enfoncées dans les poches de leur long manteau ou s'enserrant le corps de leurs bras, comme s’ils grelottaient

Noir, rouge et blanc sont les couleurs dominantes de la collection d’Haider Ackermann, où les silhouettes masculines et féminines, en vestes et pantalons étroits, dont certains sont si moulants qu’ils font penser à des leggings, se confondent. Des paillettes cachées dans un manteau en laine noire scintillent comme s’il était parsemé de cristaux de neige.

Hormis un total look rubis et quelques t-shirts blancs, le rouge et le blanc sont là pour éclairer la garde-robe par touches. Ils s’incrustent dans les vêtements sombres à travers des micro-motifs ou petits damiers dans le revers d’un col ou d’une poche, le bord d'une manche, le haut d’un blouson en nylon, en bandes latérales le long d’un pantalon.

Ils se retrouvent en blocs de couleur dans un manteau ou dans des manches en laine torsadée greffées sur des vestes classiques, tandis que les halètements du début du show se poursuivent dans la chanson remixée de Serge Gainsbourg « Je t’aime, moi non plus ».
 

Balmain, automne-hiver 2019-20 - © PixelFormula


Balmain, chic et rebelle
 
Chez Balmain, le noir et le blanc dominent également, ravivés par les éclats étincelants de strass, paillettes, perles, clous et surtout par les pointes métalliques, hérissées sur robes, blousons, escarpins et jusque dans les sacs ronds en cuir, emblèmes de la marque. Le directeur artistique de la maison, Olivier Rousteing, a plongé vendredi le public dans une ambiance boîte de nuit au rythme des tubes des années 1980 (Eurythmics, Depeche Mode et Alphaville).
 
Il a repris, en l’accentuant, l’esthétique rock sexy des Eighties, qui a fait son succès jusqu’ici avec ses vestes aux épaules structurées et ses robes courtes au décolleté plongeant. Rien ne manquait, des casquettes en cuir et blousons de motard cloutés, aux tenues en jean délavé avec effet effiloché, en passant par les vestes frangées, les pantalons larges à la taille et plus affinés dans le bas des jambes, sans oublier les nœuds et les chaînes, utilisées en ceintures ou en guise de brides dans des escarpins.
 
Pour le soir, la femme Balmain est plus brillante que jamais dans ses interminables cuissardes luisantes avec des ensembles en cuir verni, satin, vinyle et même en plastique transparent. Elle ose la combinaison bustier en vinyle noire, des mini-robes à longue traîne et enfile pour sortir de grandes capes majestueuses.
 

Altuzarra, automne-hiver 2019-20 - © PixelFormula


Altuzarra, motarde romantique
 
Le cuir noir et le métal des chaînes sont également présents chez Altuzarra, qui prend cette saison un virage inattendu avec un style plus agressif. Tout comme Balmain, Joseph Altuzarra s’inspire du style motard avec le blouson frangé et les pantalons en cuir noir, les parka over-sized en shearling, les ceintures à œillets métalliques, les attaches en cuir s’invitant dans la jupe d’un tailleur en tweed ou les chaînes-ceintures que l’on retrouve aussi enroulées à la cheville dans certaines sandales à talon.
 
Mais l’âme romantique du designer n’est jamais très loin. Elle traverse la collection dans des robes fluide en jersey imprimé, des jupes drapées nouées sur un flanc, des robes à volant en soie, le tout avec en leitmotiv, le motif Paisley indien. Le soir, la femme Altuzarra rayonne dans des robes plissées lamé or.


Issey Miyake, automne-hiver 2019-20 - © PixelFormula


Issey Miyake, géométries et couleurs

Changement de registre chez Issey Miyake. Les silhouettes polychromes aux vêtements ondulant, comme en suspension, prennent possession de la grande cour du lycée Carnot, s'entrecroisant dans un ballet incessant. Les lignes s’entrechoquent entre rayures, courbes ondulées et formes géométriques, tandis que la couleur s’empare peu à peu des vêtements dans un crescendo chromatique.
 
Le directeur artistique, Yoshiyuki Miyamae, poursuit encore cette saison sa recherche textile. « Dough Dough », la matière en polyéthylène permettant de sculpter le vêtement introduite l’été dernier, acquiert de la souplesse et prend de la couleur grâce à l'intégration de nouvelles fibres comme la laine. Un nouveau textile fait son apparition : le « Blink », qui aboutit à un effet kaléidoscope via des motifs en résine imprimés sur le tissu.

Les robes, les blouses, les manteaux construites en strates bleues, vertes, jaunes s'illuminent comme des spectres lumineux. Ailleurs, de grands carreaux colorés se superposent, quant à eux, comme s'ils rentraient les uns dans les autres dans des maxi-manteaux en drap de laine ou de longues tuniques.
 

Issey Miyake, automne-hiver 2019-20 - © PixelFormula


Le designer reprend aussi le motif géométrique diamant, s’inspirant des célèbres sacs Bao Bao de la maison, qui apparaît en relief dans des tops, des pantalons et des manteaux blancs, noirs et multicolores sur un tissu délicat comme du papier, ravissant le public par ces prouesses technologiques et la poésie des vêtements.
 
Rahul Mishra, à la recherche du temps perdu

C’est un autre type de poésie qu’a offert Rahul Mishra samedi à Paris, avec une mode non pas issue de la technologie, mais de savoir-faire ancestraux et des techniques traditionnelles des brodeuses indiennes. Comme chez Issey Miyake, la collection pour l’automne-hiver 2019-20 démarre avec une palette neutre de blancs et gris, et des modèles confortables pour virer ensuite vers la couleur et les décorations.

Les manteaux, chemises, robes et pantalons sont taillés dans de beaux cotons madras aux sobres tons noirs et blancs. Pointent tout d’un coup des flashs de couleurs via des robes chemises ou des combinaisons flottantes ultra-légères dans un jaune lime ou un rose corail.
 

Rahul Mishra - automne-hiver 2019 - Womenswear - Paris - © PixelFormula


Le créateur éponyme revient avec cette collection sur les traces de son enfance dans le village de Malhausi, situé au nord de l’Inde, où il a grandi. Il a ainsi choisi ce tartan gris en souvenir des uniformes de son école, qu’il emploie dans des tailleurs à veste masculine, de longs manteaux ou une maxi-robe chemise.

Mais très vite, la nature environnante s’empare des pièces à travers de délicates fleurs brodées à la main en relief sur le tissu, des dentelles de guirlandes dorées s’incrustant dans les vêtements. Plus loin, la végétation explose via des borderies dans diverses nuances de vert, s’étalant ici et là sur un treillis, dans des tops en soie noire ou dans une tunique en voile transparent.

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