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12.03.2020
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Paris : comment la crise du coronavirus affecte le commerce de luxe

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12.03.2020

Dans le contexte actuel, c’est simple, personne ne parle. Ou presque. Face à la pandémie de coronavirus, chacun fait le dos rond et attend les nouvelles mesures et restrictions qui arrivent au jour le jour dans le monde entier. En Italie, Giuseppe Conte, le président du Conseil, a annoncé mercredi soir la fermeture des commerces, en dehors des magasins vendant des biens de première nécessité. Aux Etats-Unis, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis fermaient leurs frontières aux étrangers venus d’Europe pour trente jours. Ce jeudi, la France est encore active. Mais à Paris, de nombreux quartiers commerçants sont progressivement affectés par la baisse du tourisme.


Tous les quartiers disposant de commerces de luxe sont touchés par la baisse du tourisme - DR


Si l’épidémie de coronavirus a vu ses premiers cas annoncés en décembre en Chine, le reste du monde semblait encore assez peu concerné à ce moment-là. L’année 2020 avait même plutôt bien commencé dans les magasins de luxe à Paris. En janvier, les Chinois représentaient 33% de la part de marchés du tourisme international loin devant les Américains (8%) et les Coréens (6%) selon Planet, spécialiste des paiements multidevises et de la détaxe pour les touristes. Le panier moyen de ces touristes chinois s’élevait à 1 236 euros, toujours en janvier, contre 962 euros pour les Américains. Les ventes détaxées avaient même augmenté de 25%. Une belle relance pour ces griffes, après un mois de janvier 2019 qui avait subi les conséquences du mouvement des Gilets Jaunes. Or en février,  la propagation du Covid-19 à l’échelle mondiale a rebattu les cartes.

L'Office de Tourisme de la ville de Paris fait part d'une "baisse rapide des réservations de Chine à partir du 20 janvier et des arrivées à partir du 30 janvier. L’ensemble des segments (affaires, groupes, loisirs) sont concernés. En 2018, les Chinois représentaient moins de 3 % de la fréquentation touristique globale à Paris et en Ile de France mais dépensaient 4 milliards d’euros, soit 7 % des recettes touristiques internationales dans l’ensemble du pays. Et dans la première quinzaine de février, les pays d’Asie du Sud-Est ont pris le relais relève l'office du Tourisme. A partir du 25 février, la situation s’est même dégradée rapidement sur l’ensemble des marchés. Les arrivées aériennes internationales ont reculé, tous marchés confondus de 32,6 % du 1er au 8 mars.

" Le mois de février a commencé à enregistrer un ralentissement des ventes entre 10 et 15 %. Les premiers chiffres pour le mois de mars font état d’une baisse de 25 à 30 % du chiffre d’affaires de nos membres. Certes, les Chinois ont été les premiers concernés mais au fur et à mesure, c’est le nombre de touristes asiatiques puis de touristes d’Europe et de partout ailleurs qui a chuté, confirme Benjamin Cymerman, président du Comité du Faubourg Saint-Honoré. Parmi ses membres hôteliers, on trouve notamment le Crillon, Le Mandarin Oriental, le Bristol, la Réserve et le Sofitel Le Faubourg.. Mais c’est l’hôtellerie qui souffre le plus. Nous comptons neuf membres qui sont des hôtels de luxe. Pour la Fashion Week, ils n’étaient remplis qu’à 60 – 65 % alors qu’ils sont pleins durant cette période. Depuis début mars, leur taux de remplissage a chuté à 25 à 30 % "

Le Comité parisien, qui compte 120 membres, tient à ne pas céder à la panique. Pour preuve, il avait tenu à maintenir le défilé pour le Nouvel An Chinois le samedi 25 janvier puis la tenue de l’exposition Bruno Catalano sur la place Maurice Barrès, du 25 février au 16 mars. A l’heure actuelle, les membres du Comité du Faubourg Saint-Honoré échangent afin de savoir s’il serait pertinent de communiquer pour attirer la clientèle locale.


De nombreuses activités liées au tourisme international sont frappées de plein fouet - DR


Pour le Comité Champs Elysées, le constat est similaire. " Bien sûr, le tourisme est en berne et cela s’est creusé depuis début mars. Certaines enseignes dont les ventes sont dépendantes du tourisme enregistrent des baisses allant jusqu’à 40% du chiffre d’affaires. Heureusement, le quartier est fréquenté par une clientèle locale qui travaille dans le quartier mais il semblerait que même celle-ci commence à ne plus fréquenter les magasins ", indique Edouard Lefèbvre, directeur général du Comité Champs-Elysées.

Dans ce contexte, les marques de luxe et les grands magasins accusent de forts replis. Selon nos sources, certains magasins de mode et d’accessoires de luxe à Paris enregistrent une chute des ventes allant jusqu’à 70 % depuis le début du mois ! Et les perspectives des réservations aériennes long courrier vers la Paris pour avril-mai-juin ne rassurent pas. Elles étaient, mardi, en recul de 21 % par rapport à l'année précédente, selon l'Office de Tourisme.

Des perspectives qui inquiètent du côté des groupes de luxe qui, avec la paralysie en Asie et le ralentissement en Europe, ont vu leurs titres baisser ces derniers jours à la bourse de Paris. Ainsi, Kering a perdu plus de 25%, LVMH 20% et Hermès près de 11% depuis le 1er janvier . En attendant de nouvelles annonces...
Nombre d’analystes estiment en effet que les mesures en France pourraient prendre le même chemin qu’en Italie. Ainsi, Luca Solca du cabinet de prospectives financières A Bernstein indique que : « Nous nous attendons à des mesures aussi radicales qu’en Chine. L’Allemagne et la France n’ont qu’une à deux semaines de décalage avec l’Italie mais ces pays pourraient prendre le même type de décisions à terme. »

Avec toutes les énergies focalisées sur la lutte contre la pandémie, le ralentissement économique passerait logiquement au second rang des priorités.
 

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