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14.02.2019
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Momad revoit ses concepts et se tourne vers la durabilité

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14.02.2019

Juste Momad. Sans les appellations Metropolis et Shoes, le salon de Madrid a célébré sa première édition unifiée avec sa nouvelle image du 8 au 10 février derniers à l'Ifema. Un nouveau format qui a pu compter sur la participation de quelque 800 marques et entend proposer un secteur plus attrayant, pariant fortement sur la diversification, la création et les propositions durables.


L'Ifema a accueilli les salons Momad, Intergift, Bisutex et Madridjoya le week-end dernier - Momad


« Au fur et à mesure que nous travaillons sur cet événement, j'aimerais intégrer davantage de secteurs tels que la mode masculine ou le maillot de bain, ainsi que davantage de créateurs », a déclaré lors d'une conférence de presse Charo Izquierdo, directrice des salons de la mode de l'Ifema depuis avril dernier. Et depuis sa prise de fonction, son objectif principal est de « fédérer industrie et création" en mettant en place des partenariats avec la Mercedes Benz Fashion Week de Madrid, dont elle est également la directrice. Ainsi, cette édition a mis en évidence la participation d'Hannibal Laguna et de Modesto Lomba, qui a annoncé le lancement du prêt-à-porter de sa marque Devota & Lomba.

Malgré le lancement de l'événement parallèle consacré aux chaussures, ShoesRoom by Momad, qui aura lieu du 1er au 3 mars et affiche déjà complet avec 80 exposants confirmés, cela ne s'est pas ressenti sur l'afflux des visiteurs au cours du week-end. Avec 35 % de nouvelles marques, les pavillons de l'Ifema ont enregistré une activité positive, également portée par la coïncidence des dates avec les salons qui se tenaient au même endroit : Intergift, Madridjoya et Bisutex. Ainsi, les prévisions sont optimistes, avec en ligne de mire les 15 120 visiteurs de l'édition de septembre. Pour sa part, Charo Izquierdo a montré sa volonté de continuer à revoir les fondements de l'événement, y compris le travail avec le consommateur final. « Nous ne savons toujours pas comment, mais nous devrions pouvoir atteindre les professionnels et les particuliers pour faire connaître les marques », a-t-elle conclu.

La mode durable comme opportunité de business


Projet de reforestation promu par One Oak en Galice - One Oak


Bien que l'évolution des salons nécessite généralement plusieurs années avant de commencer à voir des résultats, la durabilité s'est consolidée pour devenir l'un des axes de croissance du salon madrilène, un changement perceptible en seulement deux éditions avec Charo Izquierdo à sa tête. Avec une trentaine de participants en ce mois de février, les entreprises et associations prennent la parole et se mettent en avant devant les consommateurs et professionnels ayant besoin de formation et de sensibilisation.

« Il faut être aveugle pour croire que nous pouvons continuer comme cela pendant longtemps. Nous considérons la mode durable comme une opportunité de différenciation. Je refuse de penser que, parce que les produits sont durables, ils doivent être plus chers, les nôtres sont conformes aux prix du marché », indique Guillermo Iñiguez, cofondateur de One Oak, spécialisée dans les montres, casquettes et sacs à dos créés à partir de bois. Actuellement concentrée sur un plan de reforestation dans la région d'As Neves (Pontevedra), fortement touchée par les incendies d'octobre 2017, la marque propose à ses clients de planter un arbre à leur nom après chaque achat. Le défi ? Atteindre 10 000 arbres. « Nous avons réussi à créer un lien important entre la marque, nos projets et les clients », déclare fièrement l'entrepreneur. « Par exemple, la proximité du projet a doublé le ratio des ventes en Galice », ajoute-t-il, reconnaissant que, bien que la marque soit encore très « online », « elle cherche à étendre sa présence dans le canal physique ». Toujours dans le secteur des accessoires, Luz Rodríguez, fondatrice de la marque malaguène Nehcaa Jewerly, a souligné qu'actuellement, « les jeunes sont beaucoup plus conscients » et que « le plus grand défi est de ne pas perdre l'essence artisanale de la marque à mesure qu'elle grandit ».

Pour sa part, Marina Lopez, présidente de l'Association de la mode durable d'Espagne (Amse), pointe du doigt le volume de déchets dans le pays : 900 000 tonnes dont seulement 90 000 sont recyclées... et pas toujours de la meilleure manière possible. « La plupart des conteneurs dédiés à la collecte de vêtements proviennent d'entreprises privées ou d'associations caritatives. Seulement 1 % est dédié à la charité, tandis que 65 % sont vendus à d'autres pays (39 500 tonnes exportées, dont les principaux pays de destination sont le Togo, 5 700, l’Inde, 4 100, et les Emirats arabes unis, 4 000, ndr) », explique-t-elle, citant les données de l’Association ibérique de recyclage textile (Asirtex) et ajoutant que « chaque espagnol génère 12 kilos de déchets textiles par an, dont seulement 20 % sont recyclés, soit un pourcentage inférieur à la moyenne de l'Union européenne ».

Au vu de ces données, Marina López estime essentielles des actions visant à améliorer la durabilité du produit dès le début de sa conception pour en assurer le recyclage. Paula Gorini, de l’Association de la mode durable de Murcie (MSM), lui donne raison. « L’écoconception est fondamentale. Il faut faire attention aux matériaux utilisés et garder à l'esprit l'issue des vêtements dès la première étape de la création », déclare-t-elle. Et les deux femmes sont d’accord pour pointer du doigt certains géants du secteur. « Quand les grandes marques installent un conteneur de récupération des vêtements dans leurs magasins, ce n’est pas de l'économie circulaire. Elles doivent changer de modèle pour aller plus loin », souligne Paula Gorini ; tandis que Marina López prend pour exemple un tee-shirt blanc Pull & Bear portant le message « My generation will save the planet ». « Il est important de ne pas se laisser berner par certaines marques qui utilisent des messages en mode "greenwashing" », prévient-elle.

Et qui sont les responsables ?


Tee-shirt My generation will save the planet, cité par Marina López au Momad - Pull & Bear


Il y a deux ans, la BBC a dévoilé le cas choquant de chiens qui sont devenus bleus à Mumbai en raison d'un contact avec des résidus chimiques. Un fait qui a incité Paula Gorini à remettre en question le modèle du secteur. « Nous vivons dans une société égoïste qui ne se demande pas d'où elle vient ni où elle va », déplore-t-elle. « Nous devons cesser cette habitude d'utiliser et de jeter parce que nous atteignons un point de non-retour », estime la représentante de l'Amse.

« Il est nécessaire de réduire la consommation, d'acheter dans des magasins et des marques respectueuses de l'environnement, de prendre soin des vêtements, de les réparer ou de les échanger... Nous devons assumer la responsabilité du sort de nos vêtements dès que nous décidons de ne plus les porter », indique-t-elle à propos du rôle du consommateur. Une position soutenue par par Paula Gorini : « Il faut que le concept de seconde main soit adopté en Espagne et que tombe le tabou d'échanger ses vêtements parce que c'est l'un des meilleurs exemples d'économie circulaire. »

Qu'en est-il des entreprises ? « Elles devraient réduire leur production, faire moins et de meilleure qualité ; travailler l'écoconception et former leurs créateurs ; éviter d'utiliser des produits chimiques et des métaux lourds lors de la teinture et de la production ; prendre en charge la gestion de leurs déchets et mener des campagnes de sensibilisation... Des campagnes de vérité », explique Marina López en traçant une feuille de route claire. Sans perdre son optimisme, elle rappelle que l'Union européenne obligera toutes les municipalités à recycler les textiles séparément à partir de 2025 ; tandis que la représentante de Murcie appelle à « l'introduction d'une réglementation sur la pollution et les déchets, comme appliquée à d'autres industries ».

La technologie, solution possible ?


Jeanología est une entreprise spécialisée dans le développement de technologies durables dans l'industrie de la finition - Jeanología


« Nous avons tous notre part de responsabilité. Les marques doivent donner plus d'informations ; le consommateur doit demander et exiger les règles en vigueur dans d’autres secteurs et l'industrie doit être en mesure de proposer des produits durables », reconnaît Fernando Cardona, l'un des responsables de l'équipe créative de la société valencienne Jeanología. Fondée en 1994 et spécialisée dans le développement de technologies durables pour l’industrie de la finition du denim, la société soutient les investissements dans ce segment. « Comme cela a été fait dans d'autres industries, le textile doit appliquer l'innovation et la recherche. Travailler avec la technologie permet de réduire les processus et leur complexité ; améliorer la reproductibilité et l'évolutivité ; augmenter la vitesse et promouvoir la durabilité », affirme Fernando Cardona.

Pour la production annuelle de jeans, estimée entre 3 et 5 milliards d'unités par an, plus de 2 millions de personnes sont exposées à des pratiques dangereuses. Sensible à la protection des travailleurs, Fernando Cardona estime que cette situation peut changer « avec la technologie, en travaillant avec la conception et l'ingénierie », en faisant en sorte que les défis de l'entreprise incluent « l'élimination des substances nocives et le risque de nuire à la santé des travailleurs ». Cependant, la crainte de pertes d’emplois est récurrente au moment de la mise en œuvre de la technologie. « À mon avis, ce sont les emplois dangereux qui sont menacés. La technologie crée d'autres opportunités, telles que des postes de conception ou d'ingénierie. Il s’agit d’une reconversion », souligne-t-il, prenant pour exemple la formation pionnière spécialisée en conception laser promue par Jeanologia à Valence.

Une autre des craintes du secteur concerne l'aspect financier, question que Fernando Cardona n’hésite pas à clarifier. « Pour cette partie de l'industrie, produire de manière durable est moins cher, économisant de l'eau et de l'énergie. Il faut investir dans la technologie, mais le retour sur investissement est très rapide : de six mois à deux ans », affirme-t-il, se basant sur le fait que des outils de mesure de la consommation, tels que celui développé par la société EIM (Environmental Impact Measurement), permettent d’analyser les processus et d’identifier les éléments à améliorer.

Jeanología est actuellement présente dans 50 pays et emploie plus de 200 personnes. En 2017, son chiffre d'affaires atteignait 61 millions d'euros. Le fabricant de machines textiles, qui entend dépasser la barre des 100 millions pour l'exercice 2018, compte déjà des partenariats avec Uniqlo, Gap ou Tommy Hilfiger, entre autres. Un exemple de success-story « made in Spain » qui montre que la durabilité peut, autant que possible, être rentable.

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