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Clémentine Martin
Veröffentlicht am
29.03.2023
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ModaLisboa: au-delà de sa production, la mode portugaise veut valoriser son design

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Clémentine Martin
Veröffentlicht am
29.03.2023

Avec déjà 60 éditions à son actif, ModaLisboa affirme fièrement son soutien au design de mode portugais. Le pays, connu à l’étranger pour sa tradition textile et sa capacité de production, s’est imposé comme un allié de proximité incontournable pour bon nombre d’entreprises et de marques européennes. Mais ce n’est pas sa seule ambition: aujourd’hui, il s’appuie sur son solide tissu industriel pour mettre en valeur la qualité de sa création. Pour faire profiter le design portugais de la compétitivité de sa production et de sa notoriété à l’international, la Fashion Week de Lisbonne a un rôle-clé à jouer pour donner de la visibilité aux talents locaux.


Défilés d’Arndes et Buzina - Ugo Camera / ModaLisboa


Organisé en collaboration avec le conseil municipal de Lisbonne, l’événement a eu lieu du 9 au 12 mars derniers. Pour cette dernière édition, ModaLisboa a proposé une journée de conférences, une remise des prix aux talents émergents de la plateforme Sangue Novo et 23 défilés et présentations, qui se sont tenus à l’espace industriel innovant Lisboa Social Mitra.

“C’est une date spéciale qui marque une histoire sans pareille dans la mode portugaise. Ces 60 éditions ont façonné une image unique de notre industrie, mais aussi de la ville de Lisbonne en tant que plateforme de diffusion de la mode portugaise, de ses agents créatifs et de ses événements toujours imaginatifs“, déclarait le président du conseil municipal de Lisbonne Carlos Moedas à l’occasion de l’anniversaire de l’événement.

La présidente de l’association ModaLisboa, Eduarda Abbondanza, a souligné l’importance de la thématique mise à l’honneur cette saison, “Core“ (“Cœur“ ou “Noyau“, NDLR). “Nous parlons de notre essence, mais cet exercice d’introspection n’a pas limité notre portée d’action ni notre perméabilité à la volatilité contemporaine. Au contraire. En ce moment, toutes les actualités paraissent sorties d’un scénario dystopique, où la ville et le pays se transforment, où la réactivité semble être la seule forme de communication possible, et c’est aussi le moment de faire entendre notre voix. Notre voix, c’est celle de nos designers“, défend l’organisatrice, fervente partisane de la création portugaise.


Présentation de Constança Entrudo et défilé de Béhen - ModaLisboa / Ugo Camera


Un design qui s’améliore et monte en gamme à chaque édition



Loin de la médiatisation et des calendriers ultra-saturés d’autres capitales européennes, la Fashion Week de Lisbonne est plus décontractée et plus ouverte à une expérimentation moins commerciale. Un bouillon de culture effervescent et parfois saupoudré d’influences punk et underground, qui a permis le développement de certaines marques emblématiques de la création portugaise contemporaine.

C’est notamment le cas de Béhen, une marque lancée en 2020 par la designer Joana Duarte pour promouvoir l’upcycling et revaloriser du linge de maison et des tapisseries tout en préservant les techniques de broderie artisanale et les artisans. Après avoir délaissé les podiums lisboètes pendant une saison, cette marque responsable, qui réalise 100% de sa production au Portugal, a présenté une collection mixte plus mature. La tradition reste au cœur de sa recherche créative, avec des broderies de Madère ou de Vidrio Viana do Castelo, associées avec des découpes laser innovantes, des impressions numériques sur du lin et des matières provenant du liège ou du raisin.

Il y a deux ans, Constança Entrudo s’était fait remarquer lors d’un événement collectif des créateurs portugais à la fashion week de Paris. Pour cette présentation à Lisbonne, elle a choisi un format de type performance pour dévoiler sa nouvelle collection en collaboration avec l’illustratrice Ema Gaspar. Formée sur les bancs de Central Saint Martins, elle a fait ses armes chez Balmain, Peter Pilotto et Marques Almeida et possède déjà un style bien reconnaissable, avec des pièces en maille déstructurées et effilochées dans des tonalités pastels, dessinant une vision onirique et mythologique de mannequins enveloppés de fils de laine.


Défilés des designers Felipe Augusto et Luís Carvalho - ModaLisboa / Ugo Camera


Déjà très connu au Portugal, Luís Carvalho a fondé la marque à son nom en 2013. S'inspirant de la confection traditionnelle, il a présenté des costumes pour homme et des tailleurs pour femme, assortis d’élégantes robes longues. Le jeune créateur de mode masculine Filipe Augusto, pour sa part, est entré dans l’âge adulte avec une collection provocante et sensuelle mettant en valeur le corps des hommes. Fruit de réflexions sur la masculinité, la ligne positionne le créatif comme l’un des noms internationaux à suivre de près, marchant dans les traces de Ludovic de Saint Sernin et de J.W. Anderson.

Plus classique, la marque Buzina a été fondée en 2016 par Vera Fernandes et proposait des looks voluptueux et des robes de gala aux couleurs pop. Chez la créatrice Ana Rita, aux rênes de la marques Arndes, la sobriété minimaliste primait. Formée en design de mode chez Modatex Porto, la directrice artistique est d’abord entrée chez Luís Buchinho, l’une des références de la mode portugaise, avant de remporter le premier prix du concours Sangue Novo lors d’une des éditions 2021 de ModaLisboa.

Les présentations s’ouvrent à d’autres acteurs du secteur




Portuguese Soul, la proposition d’Apiccaps pour ModaLisboa - ModaLisboa / Ugo Camera


L’un des nouveaux noms du calendrier de cette dernière édition n’était autre que Salsa Jeans, une marque déjà célèbre à l’étranger qui a permis d’asseoir la crédibilité de l’événement pour les griffes de niche, mais aussi pour les entreprises internationales. Elle y a présenté trois looks entièrement en denim, sa spécialité, conçus pour l’automne/hiver 2023 et portés par des mannequins défilant sur une grande table après un dîner de gala rassemblant une cinquantaine de convives.

Fondée en 1994 à Vila Nova de Famalicão, dans le nord du Portugal, la marque a présenté un défilé exclusif et festif. Toutes les tenues tournaient autour du jean avec des silhouettes féminines adaptées à différentes morphologies. Rachetée par Sonae en avril 2020, Salsa est présente dans 40 pays à travers plus de 2.000 points de vente.


Défilé de Salsa Jeans sur la table d’un dîner de gala - ModaLisboa / Ugo Camera


Les chaussures portugaises ont aussi réussi à se faire une place au soleil en tissant des alliances avec les marques de vêtements présentes à la Fashion Week. 95% des souliers produits au Portugal sont destinés à l’exportation et le secteur a décidé de revendiquer son excellence au travers d’une présentation intitulée “Portuguese Soul“. Ce défilé collectif était organisé par l’association des spécialistes de la chaussure, Apiccaps, et a permis aux spectateurs de découvrir les créations de marques comme Ambitious, Carlos Santos, Campobello, Tatuaggi, Leather Goods by Belcinto, Luís Onofre, Miguel Vieira, Nobrand, Sanjo et Valuni.

D’après les organisateurs, mettant en avant le caractère commercial de l’événement, le secteur de la chaussure portugaise a battu des records historiques l’année dernière. Représentant 1.900 entreprises qui emploient 40.000 salariés, le cluster de la chaussure et de la maroquinerie du Portugal exporte dans 173 pays des cinq continents pour un chiffre d’affaires annuel de 2,4 milliards d’euros.

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