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23.06.2013
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London Collections: Men, un royaume des plus unis

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23.06.2013

L'union fait la force. La croisade des Britanniques pour valoriser leur industrie menswear vient de franchir une nouvelle étape. Du 16 au 18 juin dernier, la troisième édition de London Collections: Men a vu émerger une solidarité entre une constellation d’acteurs aux origines les plus diverses. Avec pas moins de 30 défilés et presque autant de présentations, Londres rivalise sinon avec Paris, au moins avec Milan qui comptabilise pour cette même saison un total de 37 défilés dans son programme officiel.

Le maire de Londres, Boris Johnson, soutient le projet depuis le départ (photo George Garnier)



"De Savile Row aux punks, nous avons tout inventé"

Avec des noms aussi importants que Burberry, Alexander McQueen ou Paul Smith, Londres envoie au monde un message aussi limpide que convaincant. "Des tailleurs de Savile Row jusqu’aux punks: nous avons tout inventé!", estime Dylan Jones, directeur de la rédaction du GQ britannique et parrain de l’opération depuis son démarrage. Nombre de marques, comme Burberry, Rag & Bone et Jimmy Choo, ont cette saison relocalisé leurs présentations pour rejoindre leur terre d’origine et jouir de l’émulation médiatique de LC:M, pour utiliser l’abréviation consacrée. Côté people, les stars donnent de leur personne, de Serena Williams (vue chez Burberry) au mannequin David Gandy (vu partout), mais aussi les artistes hip-hop Tinie Tempah, Zebra Katz et Brooke Candy.

Médiatique aujourd’hui, commerciale demain? "Londres est la capitale financière européenne, rappelle Caroline Rush, la très élégante CEO du British Fashion Council. Il n’y a donc pas de raison qu’elle ne devienne pas un jour un lieu d’affaires pour la mode sur le plan international", prévient-elle, ajoutant que le Royaume-Uni possède de riches capacités de production textile.

Néanmoins, pas question pour le moment de s'abstenir des ventes des collections sur Paris, comme en témoigne chaque saison le showroom des jeunes créateurs du BFC, London Showrooms, qui centralise l'essentiel des ventes internationales des émergents que le Council parraine. "Nous adorons Paris, confirme Caroline Rush, et le fait d'avoir un bon prétexte pour nous y rendre nous est à la fois pratique et agréable", sourit-elle, sans toutefois partager son sentiment sur Milan. "London Collections: Men a encore besoin de grandir, préconise Dylan Jones, et c'est ce que nous espérons qu'il se passe".

La présentation des tailleurs de Savile Row avec 100 mannequins (DR)



Sur les podiums, la diversité.

Question style, Londres n’a pas failli à sa réputation de laboratoire. Deux mouvements a priori contradictoires se sont dégagés, en parfaite symbiose avec l’héritage britannique à la fois formel et expérimental. Les enseignes de Savile Row se sont fédérées autour d’une présentation spectaculaire dans un célèbre stade de cricket, Lord’s, avec le soutien de Woolmark, fournisseur des laines tant pour les maisons à héritage que les jeunes diplômés de Saint Martins. Le plus ancien d’entre eux, Gieves & Hawkes, a dévoilé une collection casual, riche en accessoires pour gentleman moderne, destinée à faire sortir le label de son flagship historique, qui reste son principal point de vente. Le plus jeune représentant de l'écurie Savile Row, Patrick Grant, a réussi un exercice de style très applaudi avec la maison E.Tautz, qu'il a relancée avec succès il y a quelques saisons: une collection contemporaine dans ses volumes et ses couleurs, sous-tendue par la rigueur du savoir-faire des tailleurs anglais.

Le sportswear et la logomania sont parmi les autres tendances fortes émanant des jeunes créateurs, pour la plupart soutenus par Topman, eBay ou l’association FashionEast. On a assisté à une grosse déferlante sportswear sur les podiums, où sneakers, joggings et tissus techniques côtoient dentelles (Astrid Andersen), matières translucides (Shaun Samson, Sibling) et accessoires de sports imaginaires siglés (Nasir Mazhar). Ces jeunes, souvent basés dans les quartiers Est de la ville, bénéficient du soutien inconditionnel de la presse mode londonienne et prescriptrice: i-D Magazine, Dazed & Confused, 10 Magazine et leurs nombreux descendants.

Du sportswear androgyne: la jeune garde sponsorisée par les pouvoirs en place brouille les pistes (photo PixelFormula)



Ce courant frais, qui fait la particularité de la scène créative locale, ne jouit pas de la même visibilité dans les programmes italiens et français de la mode homme. A l'exception de Riccardo Tisci pour Givenchy ou 3.1 Phillip Lim à Paris, qui mâtinent leurs collections de références street depuis plusieurs saisons déjà. "Nous accordons dans nos sélections de la place aux Richard James et Brioni, mais aussi aux jeunes talents de LC:M, souligne Sam Lobban, acheteur pour Mr Porter, l'un des partenaires de l'événement. Nous avons même collaboré avec Agi & Sam, Richard Nicoll et J.W. Anderson dans le cadre de capsules exclusives pour Mr Porter", poursuit-il.

Pour un acheteur parisien croisé sur place, l'un de ces défilés NewGen trahissait "une vision bourgeoise de la masculinité en décalage total avec toute réalité commerciale". Il y a pourtant un marché pour cette scène, et même une nouvelle boutique multimarque dédiée à ces labels: Machine-A au cœur de Soho. Un groupe de retailers japonais à l'origine de la boutique tokyoïte "GR8" (lire great, "grand" en anglais) applaudissait chacune de ces présentations au premier rang. Ils reverront leurs poulains préférés pour passer commande dans quelques jours... à Paris.

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