Lin: une récolte 2023 divisée par deux à cause du changement climatique ?

Von

Matthieu Guinebault

Veröffentlicht am
18.09.2023

Chose inhabituelle, la filière lin communiquait en juillet sur une chute de la production de fibres longues liée aux canicules du printemps. L’été pluvieux qui a suivi dans l'ouest de la France n’a pas arrangé les choses, et l’Alliance du lin et du chanvre européens envisage désormais une récolte de fibres longues divisée par deux par rapport à celle de 2022.

Trois quarts du lin mondial pousse sur une bande s’étendant de la Normandie aux Pays-Bas, grâce à une météo favorable à sa culture délicate. Si les canicules du printemps et du début de l’été ont freiné la pousse des tiges, les pluies qui ont touché cette zone cet été ont contrarié l’étape du rouissage, durant laquelle les plantes arrachées sont couchées au sol pour qu’un mélange de soleil et précipitations sépare naturellement la paille de la fibre.

Ce sont 6 à 12 % des 147.000 hectares de culture qui pourraient ne pas être récoltés. Si elle se veut prudente dans ses projections, l’Alliance pointe que seul 12 à 15% du rendement sera cette année composé de fibres longues, destinées au marché du textile. Ce qui, avec de 400 à 500 kilos par hectare sur la majorité des parcelles, implique une récolte au volume divisé par deux par rapport à la récolte de 2022.

“L’approvisionnement de la saison printemps-été 2024 sera peu impacté, celui-ci étant alimenté par du fil et du tissu résultant de l’assemblage de différents lots de fibres d’années antérieures”, rappelle comme en juillet l’Alliance. “Le niveau des reports de paille dans les teillages et donc la capacité de production dans les prochains mois fait l’objet d’estimations en cours. Cependant, la tension sur les prix risque de se poursuivre à demande constante pour le lin dans un contexte de demande mondiale de fibres naturelles en hausse.”

Cette situation pousse à porter son attention vers le lin d’hiver, planté à l’automne plutôt qu’au printemps, et qui pourrait permettre de s’adapter à la transformation des conditions climatiques. Les 10.000 à 11.000 hectares qui lui ont été dévolus cette année, le double de l’année précédente, ont quant à eux profité de conditions plus favorables. De 6,5 à 7,5 tonnes de pailles devraient en sortir.