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09.03.2021
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Le noir et blanc d’Ann Demeulemeester, les éclats lumineux de Paco Rabanne

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09.03.2021

Alors que La Paris Fashion Week digitale tire à sa fin, deux écoles de pensée se dégagent. D’un côté, se fait jour une esthétique minimaliste avec ses volumes élémentaires et ses silhouettes fluides. De l’autre, une mode exubérante tout en strass et couleurs. Comme l’ont confirmé, mardi, Ann Demeulemeester, avec une collection particulièrement sobre, et Paco Rabanne avec ses tenues ultra brillantes.

Le look androgyne de la maison belge - Ann Demeulemeester

 
Avec l’automne-hiver 2021/22, Ann Demeulemeester opère un retour aux sources. Une sensation que l’on perçoit dès les premières images de son court-métrage tourné en noir et blanc par Willy Vanderperre, le photographe fétiche de Raf Simons. Une ambiance nostalgique et mystérieuse imprègne le film, qui suit la retraite d'une bande de copains à la mine boudeuse (ou soucieuse) dans un manoir abandonné, quelque part dans la campagne parisienne, et leurs ballades dans le parc alentour sous un ciel orageux.

Après avoir passé son tour la saison dernière, pour son retour sur les podiums, la maison qui a été rachetée en septembre par le détaillant et entrepreneur italien Claudio Antonioli, a présenté, mardi, une collection essentiellement centrée sur quelques silhouettes et pièces clés. Un peu comme une page blanche, passage nécessaire avant de passer à un nouveau chapitre.

De fait, le directeur artistique Sébastien Meunier, auquel la créatrice éponyme avait passé le témoin en 2013, lors de son départ, a été remercié en juillet dernier. La création est désormais pilotée par le studio interne, qui a été remanié en partie.

Ann Demeulemeester, qui a fait partie des fameux "Six d’Anvers" (les six stylistes, dont Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck et Dirk Bikkembergs, diplômés de cette Académie royale des beaux-arts, incarnant l’avant-garde créative belge au début des années 1980), est surtout connue pour son romantisme décadent et son esthétique rock via des silhouettes fluides et androgynes.
 

La chemise blanche emblème de la maison - Ann Demeulemeester


C’est de là que repart la marque, travaillant autour d’un seul et même look, presqu’à l’identique pour l’homme et la femme. Une sorte d’uniforme, pour bien définir l’univers de la maison, composé de pantalons lâches, de costumes couture déconstruits, portés avec la chemise blanche ou un simple tricot de corps et complétés au besoin par le gilet d’homme classique et un chapeau mou en feutre.

Tout se joue dans les détails et les constructions à travers des sangles, qui resserrent les volumes dans le dos, des rubans pour nouer le pan d’une veste ou froncer des manches. Ces dernières sont amovibles et s’associent, selon les envies, à un débardeur, au gilet d’un costume trois pièces ou à de longues robes fourreaux sans manches, déclinées en noir ou en blanc, dévoilant un décolleté plongeant dans le dos.

Paco Rabanne nous plonge de son côté dans une toute autre ambiance, à travers une explosion d’imprimés kitsch et d’ornements étincelants. Le directeur artistique Julien Dossena semble prendre un malin plaisir à créer des patchworks de styles subtilement déjantés, qui s’entrechoquent les uns avec les autres, entre tenues chic et clinquantes, bourgeoises en tailleurs et robe à dentelles et princesses en habits diamantés.

La vie en apesanteur selon le styliste Julien Dossena - Paco Rabanne


Seules, dans leur chambre aux papiers peints vintage, les filles de Paco Rabanne laissent exploser leur joie et toute leur énergie dans un court-métrage jubilatoire intitulé "Your room, yours dreams" (Ta chambre, tes rêves). La caméra reprend les mannequins de face en plan rapproché, tandis qu’elles rebondissent (probablement sur leur lit) avec grâce et légèreté sur le tube "Slave to love" de Bryan Ferry.

Chaque rebond est l’occasion de découvrir un look. Le jour, Madame porte des jupes avec top ou veste en velours. Elle endosse des manteaux mi-longs un brin masculins rehaussés de détails en fausse fourrure colorée et des petites robes sages à col blanc. Avec son bibi à voilette et ses tailleurs rétro, ses cols en tulle ou en dentelle, la taille cintrée par un gros nœud, elle a des airs de néo-bourgeoise.


Le bijoux est protagoniste cette saison - Paco Rabanne


Le soir, elle se transforme en princesse, vaguement orientale, dans des parures précieuses et tenues opulentes. L’emblématique tissu en maille métallique de la maison est utilisé pour confectionner des blouses et des jupes fluctuantes couleur de nuit ou vert émeraude, incrustées de guipures et broderies de perles. Un autre ensemble scintillant est taillé dans un velours dévoré argenté, tandis qu’un top est entièrement recouvert de cristaux et pierres précieuses.

Le bijou est le véritable protagoniste de la collection. Au-delà des colliers, bracelets et boucles d’oreilles, il s’empare de tout le vestiaire. Dans des mini-sacs tout en pierreries, en perles bordant ici un col, et ailleurs le décolleté d'un pull-over, en chaîne dorée autour de la taille. De riches colliers à grosses pierres s’emparent de tops ou dessinent des volutes sur des robes en velours, tandis que des cristaux s’éclaboussent sur un corsage en tulle noir et remplacent, en version géante, de gros boutons sur une jupe.

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