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14.05.2020
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Le groupe Beaumanoir a jeté son dévolu sur Naf Naf

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14.05.2020

Un nouveau souffle sous pavillon français pour Naf Naf ? Alors que son propriétaire chinois La Chapelle - croulant sous les difficultés - se désengage, la marque de mode féminine est en quête de repreneurs depuis quelques mois. Une recherche accélérée par la crise sanitaire du Covid-19, qui alourdit ses difficultés. Dans ce contexte, un potentiel acquéreur s'est présenté au mandataire judiciaire en charge du dossier : il s'agit du groupe breton Beaumanoir, propriétaire des enseignes Cache Cache, Morgan, Bonobo et Bréal.


Naf Naf, collection printemps-été 2020 - Naf Naf


"Nous avons acquis la conviction qu'il faut s'orienter vers un pôle de consolidation sur la distribution textile des marques accessible 'prime'. En cela, Morgan et Naf Naf partagent une cohérence de marque, même si leurs sensibilités sont un peu différentes", expose Roland Beaumanoir, le PDG du groupe de mode qui revendique près de 2 500 points de vente dans le monde, pour 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel.

Déjà en 2007, Beaumanoir s'était positionné pour reprendre Naf Naf, à un moment où ses fondateurs, les frères Pariente, cherchaient à vendre leur marque. Mais le groupe Vivarte l'avait finalement emporté, avant de céder Naf Naf dix ans plus tard à La Chapelle au fil de son démantèlement progressif.

"Naf Naf est passée de mains en mains et n'a pas reçu les investissements nécessaires, constate le dirigeant. Au sein du groupe, nous avons investi lourdement ces dernières années sur les services aux marques, c'est à dire l'IT (technologies de l'information, ndlr), la plateforme d'achats, la logistique avec C-Log... Nous construisons d'ailleurs près d'Orléans un hub dédié au commerce en ligne. Ces outils modernes du commerce, indispensables aujourd'hui, nous permettent de voir plus loin. Sur les plans technologiques et humains, nous sommes prêts à accueillir une, deux, ou trois marques accessibles grâce à ce socle commun. Le Covid-19 a accéléré un mouvement que nous avions déjà largement engagé."


Le siège de Beaumanoir à Saint-Malo - DR


Sans s'y comparer, il pointe les rapprochements et rachats en vigueur dans le secteur automobile. "Notre métier de l'habillement est encore très atomisé. Si nous voulons résister, notamment aux grands groupes étrangers, nous devons encore nous renforcer, avance-t-il. Beaucoup de marques sont en difficulté : nous les regardons, et, selon ce qui apparaît cohérent, les équipes se demandent jusqu'où il faut aller. Une démarche qui "pourra nous permettre d'écraser nos frais de socles technologiques, tandis que nous avons la capacité en amont de prendre plus de volume".

Sur le dossier Naf Naf, le groupe malouin ne serait actuellement pas seul à manœuvrer. Un projet de reprise porté par l'un des fournisseurs de l'enseigne serait aussi sur la table. Contactée, la direction de Naf Naf n'a pas répondu à notre sollicitation.

"Nous sommes en compétition avec un fournisseur turc qui selon moi ne voit que l'intérêt de récupérer une créance. Cela ne constitue pas un projet de marque", argue Roland Beaumanoir, prenant l'exemple du sort de la chaîne Mim, liquidée en 2017 après avoir été acquise par l'un de ses fournisseurs.


Roland Beaumanoir - DR


Sans être dévoilée, l'offre de Beaumanoir n'englobe pas tout le périmètre de Naf Naf (400 points de vente, dont la moitié sont situés en France), qui montrerait "beaucoup de foyers de pertes". Le fondateur du groupe breton estime qu'il faut "avoir le courage de couper. Nous en avons une certaine expérience, notamment chez Morgan (qui est aujourd'hui profitable), car nous avons commis des erreurs par le passé". La décision dans ce dossier pourrait intervenir d'ici une dizaine de jours.

Frais optimisés et réduction d'approvisionnement



Menée depuis sept ans par Luc Mory, Naf Naf - qui a généré en 2019 un chiffre d'affaires stable (autour de 180 à 200 millions d'euros) - fait l'objet d'un dispositif de pré-pack cession. Un outil qui permet de concevoir un projet de reprise en phase amiable et avec confidentialité. En outre, le redressement judiciaire de l'entreprise pourrait être très prochainement être acté.

Durant cette crise sanitaire, le groupe Beaumanoir souffre, mais repousse toute idée de réduction de voilure. "Nous avons envisagé et subi la crise économique mondiale dès 2019 en Chine, ce qui nous avait déjà fait réagir. Nous avons 2 à 3 mois d'avance par rapport à l'Europe (Beaumanoir dispose de 700 magasins en Chine, ndlr). Grâce à l'expérience de cette antériorité, nous avons pu réduire les frais dans les centrales, réorganiser l'approvisionnement. Une démarche entamée avant tout le monde. Mais ce qui est sûr, c'est que la consommation ne va pas repartir en flèche demain matin", conclut-t-il, sans prédire quel impact le coronavirus laissera sur son bilan de l'année 2020.

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