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Le flaconnage, industrie secrète et méconnue de la vallée de la Bresle

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AFP
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27.08.2005

BLANGY-SUR-BRESLE (Seine-Maritime), 27 août 2005 (AFP) - Cachée entre Normandie et Picardie, la petite vallée de la Bresle alimente depuis plus d'un siècle tous les plus grands noms de la haute parfumerie en flacons d'exception, une industrie haut de gamme méconnue qui emploie pourtant 7.000 personnes.

Quelque 2,5 milliards de flacons de haute parfumerie, soit 70% de la production mondiale, sont produits chaque année sur 60 km, entre Le Tréport et Aumale, par un ensemble d'une soixantaine d'entreprises, allant des gros verriers aux petits "paracheveurs", avec les deux leaders mondiaux du flaconnage aux avant-postes: Saint-Gobain-Desjonqueres et les Verreries du Courval.

Le pôle verrier de la vallée de la Bresle est devenu en 1999 un District industriel, label qui permet aux entreprises de mutualiser certains moyens comme l'achat de matières premières et d'organiser en commun leur prospection à l'export.

Il succède aux gentilshommes verriers apparus au 15ème siècle dans la forêt d'Eu, pour qui le travail du verre était un "art noble" et non un métier où ils auraient dérogé, et aux enfants-ouvriers venus de Bretagne au 19ème siècle pour qui cet "art noble" n'était plus qu'un travail pénible.

La fabrication de flacons pour les grands parfumeurs, le "flaconnage", est devenue une spécialité de la vallée au 19ème siècle.

Son icone est, à l'intérieur du musée de la verrerie de Blangy-sur-Bresle, le flacon aux abeilles en or de l'eau impériale de Guerlain, produit depuis 150 ans.

Le "flaconnage" est aujourd'hui quasiment l'activité unique de la vallée, avec toutefois encore du verre de pharmacie et aussi la production de bouteilles d'alcool de luxe: "du 75 centilitres fabriqué comme du flacon de parfumerie", dit Guy de Vaucorbeil, président du district verrier, qui ajoute: "Ca s'exporte en Californie, en Afrique du Sud, en Australie".

Pour produire plus de 600 créations par an, la vallée a rassemblé une concentration exceptionnelle d'industries, de créateurs, d'artisans, de "coups d'oeil".

Si la production du verre est automatisée chez les gros verriers, cette industrie très haut de gamme fait encore appel, en aval, à d'innombrables talents humains au sein de petites entreprises: des "trieurs" qui reconnaissent les pièces à mettre au rebut, aux "paracheveurs" aux multiples spécialités, qui donnent aux fioles leur aspect final, leurs couleurs, leurs logos, qui les marquent, les dépolissent ou les habillent d'accessoires.

C'est ainsi que Décoluxe (14 salariés), à Nesle-Normandeuse, doit faire face cette semaine à un "coup de feu": 54.000 flacons à décorer à la peinture d'or à 12%.

Contre la mondialisation, la "menace chinoise" ou autre, la vallée de la Bresle joue la localisation, l'enracinement, l'excellence... et le secret, dans l'obsession de l'espionnage industriel.

"C'est une chose unique, une telle concentration, dit Guy de Vaucorbeil. Il ne nous manque rien. C'est ici que ça se passe et il faut que ça reste ici".

Et puis l'industrie du flacon est portée par l'ivresse du parfum qui gagne de nouveaux pays, comme notamment la Chine: "le très haut de gamme se développe avec le pouvoir d'achat, qui est globalement en croissance dans le monde", note-t-il.

Par Serge ARNOLD

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