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16.10.2022
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Le Festival de Hyères 2022 consacre la Finlandaise Jenny Hytönen

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16.10.2022

La 37e édition du Festival international de mode, d’accessoires de mode et de photographie de Hyères s’est achevée dimanche 16 octobre avec la remise des récompenses à la Villa Noailles. Le concours de mode a mis en avant plus que jamais cette année la grande attention portée par les jeunes créateurs à l'écologie avec un important travail manuel et de recherche sur les matières, chaque candidat s’inscrivant dans une démarche originale et cohérente. Mais au final, c’est la collection à plus fort impact visuel qui a remporté le Grand Prix du jury Première Vision, présidé par Glenn Martens. Celle de la Finlandaise Jenny Hytönen, récompensée aussi par le Prix du public -Ville de Hyères.
 

Jenny Hytönen, la lauréate du Festival de Hyères dans la catégorie Mode - ph Dominique Muret


Originaire d’Helsinki, où elle s’est diplômée auprès de l’université Aalto, la créatrice de 25 ans a travaillé sur le contraste entre armure et glamour, avec des vêtements en cuir hérissés de pointes métalliques ou en maille transparente ornés de perles en verre. Dans un esprit BDSM assumé, les gilets-cuirasses s’entrouvrent dans le dos par un jeu de ceintures à boucle, associés à des jupes perlées translucides portées sur un slip en cuir noir. Un pantalon hérisson s’ouvre en demi-lune sur une paire de fesses. Une robe se pare de perles couleur rubis, tandis que la mariée en robe blanche étincelante fait clignoter via la technique LED une lueur écarlate sur sa poitrine, dans les talons de ses chaussures et la raie de ses fesses.

Si le filon punk n’est pas nouveau et revient en vogue, tout comme le côté scintillant sexy, la collection de Jenny Hytönen a séduit par sa grande force, non seulement visuelle, mais conceptuelle, parvenant à mélanger parfaitement ces deux univers opposés, ainsi que par son incroyable maîtrise technique. La jeune femme manie aussi bien l’aiguille que pinces et perceuse. C’est en effet dans une boîte à outils qu’elle a dû piocher pour réaliser ses blousons de motard et pantalons en cuir recyclé, en les perçant, puis en glissant dans chaque trou une grosse vis avec son écrou, tandis qu’elle a enfilé une à une les perles sur ses mailles-filets, réalisées à la main avec du fil de pêche en nylon.

"Rien que pour confectionner la jupe la plus petite, cela m’a pris deux semaines à raison de douze heures par jour", nous confie la jeune styliste passionnée de maille, qui s’est désormais installée à Paris, où elle vient de se faire embaucher, à la suite d’un stage, chez Olivier Theyskens.

Le festival, fondé et dirigé par Jean-Pierre Blanc et présidé par Pascale Mussard, a également récompensé dans la catégorie Mode Valentin Lessner (25 ans), qui a reçu le Prix "le 19M des Métiers d’Art" introduit par Chanel en 2019, ainsi que le Prix Mercedes-Benz du développement durable. Originaire de Munich, cet Allemand, diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, s’est fait remarquer avec une collection touffue, bourrée de trouvailles et de détails, mélangeant streetwear et tailoring.

Le styliste, qui a travaillé chez Vetements l’an dernier, met en avant les mélanges et les volumes baggy avec des modèles comme éclatés puis recomposés à partir de toutes sortes de matières. Une mode multi-strates, où le foulard se noue sur la tête sur une série de casquettes empilées. Des vestes hybrides sont réalisées dans différents types de tissu, parfois décorées de guirlandes brillantes. Les poches d’un trench en cuir blanc sont toutes différentes, un blouson est tout doux en laine peignée, un sac de marin orange fluo est taillé dans une superbe soie. D’autres sacs, munis de gants, sont construits à partir d’un cadre métallique, en référence aux cadres des photos de famille.


Valentin Lessner présentant sa collection - © Étienne Tordoir

 
La collection puise, en effet, son inspiration aussi bien dans les souvenirs familiaux, la figure des grands-parents, que dans la montagne et la nature, que Valentin Lessner adore parcourir à pied, avec des influences hiking, "J’ai travaillé sur les silhouettes. Ce que j’adore dans le processus, c’est de partir de l’idée et la développer avec tout l’aspect technique. J’aime travailler sur la construction et les matières pour donner la forme", nous explique-t-il.

Par ailleurs, pour la première fois cette année, le concours de mode a été doté d’une nouvelle récompense dédiée à la durabilité, le "Prix l’Atelier des Matières", récompensant l’un des dix finalistes de cette catégorie pour la création d’une silhouette réalisée à partir de matériaux mis à disposition par cet atelier créé en 2919 à l’initiative de Chanel. Ce Prix a été octroyé à la Finlandaise Sini Saavala (30 ans). Diplômée de l’université Aalto, à Helsinki, la designer, spécialisée dans le drapé, s’intéresse à la manière dont on consomme la mode. Pour le concours général, elle a proposé une collection de longues robes réalisées à partir de t-shirts en coton blanc, soutien-gorge et culottes usés, qu’elle a collectés ces dernières années.

Le grand prix du jury Accessoires de mode, piloté cette année par Aska Yamashita, la directrice de l’Atelier Montex (Chanel), a récompensé haut la main Joshua Cannone (23 ans) pour sa puissante collection de pièces insolites et parfois dérangeantes confinant à l’art, comme ces sacs en forme de rats en silicone, implantés de cheveux humains, ce sac "Bonhomme" en forme d’humain gringalet, sorte de poupée de tissu proclamant "I like America, America likes me" ou en cuir avec une cible en son centre, ou encore ce sac mortuaire en cuir noir couvert de fourrure, qui peut se jeter sur le dos façon pelisse créant une silhouette de Yeti.

A noter aussi ce sac-hotte colossal construit à partir d’un seul pan en cuir grâce à un complexe système de pliage. "Ce qui me passionne, c’est la partie recherche et expérimentale, c’est d’essayer d’innover à travers les expérimentations. Tout est modélisé en 3D. J’aime ce mélange entre art et fonctionnel. Ce sont des objets, qui ont une fonction, mais que je tire vers l’art", nous indique le designer, qui propose aussi une réflexion sur nos sociétés contemporaines en recourant au parallèle entre l’homme et l’animal.
 

Le sac "Bonhomme" imaginé par Joshua Cannone - © Leo d’Oriano


Adepte des nouvelles technologies, ce jeune Français, qui a grandi aux Etats-Unis, se formant au design industriel à New York, a déménagé à Paris pour effectuer un master à l’IFM. "Je crée des accessoires, qui ont des histoires. Le sac rat, par exemple, si on le pose sur un support, il devient une sculpture", note Joshua Cannone, qui a juste commencé à vendre ce modèle sur son compte Instagram.

Le Prix du public des accessoires a été remis à la Française Lola Mossino (24 ans), formée à l'École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d'art de Paris, et au Martiniquais Indra Eudaric (34 ans), passé par l’École supérieure d'art et design de Saint-Étienne, qui a lancé en autodidacte sa propre marque de bijoux en 2015. Les deux se sont associés pour travailler sur un projet commun autour d’une collection de bijoux à l'esprit érotique, subtils et ludiques. Ils se sont aussi adjugé le Prix Hermès des Accessoires de mode, promu par le sellier depuis 2020, qui avait pour thème cette année la ceinture, grâce à leur modèle "La Cavalière" en veau brun.
 
Pour la partie photographie, le jury présidé par Pierre Debusschere a décerné son Grand Prix au Sud-Coréen Rala Choi, qui a raflé aussi le Prix du public, et accordé une mention spéciale à la Française Adeline Care, tandis que le Vietnamien Chiron Duong a obtenu le Prix American Vintage.

Cette 37e édition, marquée par la visite de la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak, a livré à l'arrivée un très bon cru, soulignant une fois de plus la vivacité de la jeune création dans le monde, avec le développement durable hissé en priorité absolue. La plupart des collections étaient fabriquées à partir de matériels upcyclés ou de manière à avoir le moindre impact pour la planète. Par exemple, l'Helvète-Chinoise Louise Leï Wang a réalisé toute une collection de bijoux à partir d'un simple carré en argent à double découpe en arc de cercle, qu'elle a utilisé tel un module en lui donnant différentes formes. D'autres ont créé leurs propres matériaux, telle la Française Lora Sonney, qui est parvenue à transformer un vieux tuyau d'arrosage en un cuir-caoutchouc coloré pour y confectionner jupes et trenchs.

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