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27.03.2020
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La date des soldes d'été déjà remise en question

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27.03.2020

Plan de confinement oblige : le commerce de mode est à l'arrêt. Une période noire pour un secteur qui a déjà accumulé les saisons complexes suite au mouvement des Gilets Jaunes et aux manifestations contre la réforme des retraites. Mais alors que l'heure est à la compréhension des dispositifs de chômage partiel, du fonds de soutien au TPE-PME ou des mécanismes de garantie de prêt bancaire, beaucoup pensent déjà à la sortie de confinement et espèrent que le commerce connaîtra une période envisagée comme florissante. Pour bénéficier à plein de cela, une idée se diffuse à grande vitesse : repousser la date des soldes dont le coup d'envoi est prévu le 26 juin dans la majorité des régions.


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Alors que vendredi le confinement a été prolongé jusqu'au 15 avril en France, actuellement c'est sur les réseaux sociaux que l'idée chemine. Une pétition en ligne, initiée par Gary Silvestre Siaz, du Showroom G2S Agency, demande ouvertement de décaler les périodes de soldes pour le prêt-à-porter et la chaussure pour permettre aux acteurs du secteur de travailler lors de la reprise.

"Les conséquences économiques pour nos entreprises sont d’autant plus importantes que le prêt-à-porter/chaussure est une activité saisonnière et que les mois de mars et avril correspondent au cœur de la saison printemps-été, ce qui entraine pour les magasins une perte de chiffre d'affaires irrattrapable, explique-t-il. Si la date des soldes reste inchangée (26 juin), et compte tenu des six semaines de confinement annoncées (encore rien d'officiel sur ce point, ndlr), les magasins n'auront donc qu'un mois et demi pour vendre leur stock d'été et faire de la marge avant de tout solder... Il est temps de faire bouger les choses, de décaler les soldes d'été et d'hiver pour rentrer dans un calendrier qui respecte la saisonnalité actuelle. Je propose un début des soldes d'été fin août et un début des soldes d'hiver fin février, et ce, à compter d'août 2020."

Son initiative a récolté déjà plus de 5 000 signatures. Et ce n'est pas la seule à être en cours. Patrick Aboukrat, patron d'Abou d'Abi Bazar à Paris, qui a une quinzaine de salariés en chômage partiel actuellement, milite de longue date pour une refonte du calendrier. " Entre acteurs du secteur on discute. On sait que si l'on redémarre en mai il y aura certainement une envie de consommer. Si c'est en juin, cela sera plus compliqué. Mais il faut profiter de cette occasion. On aura fermé au moins un mois et demi cela n'aurait pas de sens d'être directement à prix barrés. Mais il faut que tout le monde joue le jeu. Je pense que si on parvient à trouver un accord autour du 15 juillet cela laisserait trois semaines supplémentaires pour travailler. Mais il ne faut pas de promotions ou soldes déguisés dans cette période."

Reste que pour cela, il faut que la majorité des acteurs soient d'accord pour décaler les dates de soldes... et éviter de revenir dans les magasins en affichant directement des promotions. Si les stocks sont élevés pour nombre d'acteurs, ne pas bénéficier à plein prix d'un potentiel regain d'envie de consommer de la part des Français pourrait être une occasion manquée de renflouer leur trésorerie.

Dans ce cadre, les grands magasins semblent être les acteurs majeurs qui donneront le ton. "Ils n'ont pas pu faire leurs opérations commerciales du printemps, souligne Patrick Aboukrat. J'ai envoyé une lettre aux grands magasins pour leur détailler la nécessité de décaler la date des soldes. Nous sommes tous confinés, alors mettons à profit cette période pour y réfléchir ensemble ". Car si ces grands acteurs amorcent les promotions et ventes privées, la majorité du secteur pourrait suivre. C'est pourquoi, les partisans d'un report s'organisent.

L'Alliance du commerce, qui représente les commerçants, veut de son côté avoir un éclairage sur la question et a communiqué un questionnaire à ses membres. "La saison Printemps-Eté a été lourdement impactée. Avec l'arrêt des ventes le 15 mars, les enseignes se retrouvent avec tout un stock de mi-saison qu'il va falloir vendre dès la reprise, détaille Yohann Petiot, directeur générale de l'organisation. D'où la question : combien de temps doit-on leur laisser pour vendre ces collections à prix normal, avant d'avoir recours aux soldes ? Nous lançons un questionnaire sur le sujet auprès de nos membres ce lundi. C'est vrai qu'il y a un débat important qui se crée sur le sujet. Nous avons déjà sensibilisé Bercy à la question. Pour l'heure, certains sont pour le maintien. Maintenant, ils attendent des retours de notre part sur les attentes des enseignes.  Mais tout va dépendre de la date de reprise d'activité, ce qui fait que toute cette question est encore un peu floue".

De son côté, le salon Who's Next va lui aussi envoyer un questionnaire aux acteurs de la filière en début de semaine afin de pouvoir concentrer les propositions.

"J'ai eu Gary Silvestre Siaz et Patrick Aboukrat mais aussi beaucoup de marques, de détaillants, de fournisseurs ces derniers jours. Et beaucoup de monde s'accorde sur le fait qu'il faut réfléchir à un nouveau calendrier, explique Frédéric Maus, directeur général de WSN Développement. Cela fait 30 ans que l'on est au contact des acteurs de la filière. Nous allons utiliser nos outils pour avoir des retours du plus d'acteurs du secteur possible mais il est clair qu'une date reculée aidera tout le monde. Cette période de confinement est aussi propice à la réflexion sur nos métiers. Avec cette enquête nous pouvons arriver à structurer les propositions de manière collective pour permettre à ceux qui le souhaitent de présenter un dossier aux décideurs."


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Au-delà de la saison en cours, la réflexion pourrait donc bien redéfinir le calendrier des soldes. D'un point de vue très pragmatique, la collection de l'automne-hiver n'arrivera pas aux dates initialement prévues, les unités de production étant à l'arrêt dans le monde entier, ou reprenant à peine en Chine. Les distributeurs, marques et détaillants vont donc devoir composer plus longtemps avec leurs collections printemps-été.

"Pour la confection, le confinement de leurs usines en France et à l'étranger risque de les empêcher de produire et de livrer à temps leurs clients pour la saison Automne-Hiver 2020 qui débute dès le 1er juillet prochain, ainsi que de livrer les échantillons à leurs agents/commerciaux qui les présenteront à leurs clients pour la saison Printemps-été 2021 dès ce même 1er juillet 2020", appuie Gary Silvestre Siaz.

De fait, le calendrier de production est déjà décalé pour les deux saisons à venir. De quoi imposer une refonte raisonnée de l'agenda du commerce?

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