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EFE
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Clémentine Martin
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21.11.2017
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La Belgique, fabrique européenne de designers à succès

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EFE
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Clémentine Martin
Veröffentlicht am
21.11.2017

La Belgique est devenue ces dernières années une usine à fabriquer des créateurs pour l’export et un modèle de succès face aux puissantes marques parisiennes et new-yorkaises, ce qui a incité le gouvernement belge à continuer de soutenir la mode nationale pour en faire une vitrine internationale.

Dries Van Noten - printemps-été 2018 - femme - Paris - © PixelFormula


L’exemple belge est devenu un cas d’école, en réussissant à faire de la formation belge un signe de qualité en seulement 35 ans, avec Bruxelles et Anvers se faisant une place parmi les capitales européennes de la mode, également grâce à leur localisation en plein cœur du continent idéale pour importer et exporter les talents.

« Si Anvers a toujours été reconnue pour la mode internationale, Bruxelles commence à l’être aussi. Les institutions ont compris que cela aide à améliorer l’image du pays et que cela attire des touristes, en plus d'aider les marques à l’export », remarque le Français Philippe Pourhashemi, consultant dans la mode installé à Bruxelles.

L’histoire ne fait que se répéter : les fameux Six d’Anvers (Dirk Bikkembergs, Ann Demeulemeester, Walter van Beirendonck, Dries Van Noten, Dirk Van Saene et Marine Lee) ont connu un succès fulgurant dans les années 1980, quand la presse internationale a découvert leurs collections à Londres.

Peu après, Martin Margiela a révolutionné le secteur du luxe et sorti la mode du carcan glamour des années 1980 pour arriver au triomphe du minimalisme.

Selon Paul Pourhashemi, qui exerce une activité de « coaching » pour les jeunes talents de mode, les Belges sont « alternatifs » et « ont envie de faire des choses différentes », une caractéristique qui vient du peu de ressources financières dont ils disposent si on les compare avec les grandes maisons françaises ou italiennes. C’est ce qui les a toujours obligés à utiliser leur créativité, à « être radicaux » et à « miser sur le spectaculaire » lors des défilés, comme le font Walter van Beirendonck et Olivier Theyskens.

« Même s’ils n’aiment pas qu’on bride leur créativité, ils veulent quand même vendre, ils sont très pragmatiques et le gouvernement a compris qu’il était important de les soutenir et d’avoir des incubateurs qui leur donnent des outils pour réussir », explique Paul Pourhashemi.

La Belgique peut se vanter de compter deux des meilleures écoles de mode, financées par l’argent public : celle de La Cambre à Bruxelles et l’Académie royale des Beaux Arts d’Anvers, connues pour leurs prises de position, le défi qu’elles imposent à leurs élèves de créer et non de réinterpréter, et leur exigence, car seuls quelques élèves arrivent à obtenir le diplôme.

Raf Simons - automne-hiver 2017 - homme - New York - © PixelFormula


En plus des Six d’Anvers et de Martin Margiela, ces écoles ont vu passer sur leurs bancs Anthony Vaccarello à la direction de Saint Laurent, Raf Simons, qui est passé de Dior à Calvin Klein, Olivier Theyskens, qui cherche à percer en solo après Rochas et Nina Ricci, et Glenn Martens, le nouveau prodige national, dont la marque Y/Project défile à Paris.

Au succès international s’ajoute l’orgueil patriotique qu’ont les Belges à acheter des vêtements venant de leur pays, faciles à trouver dans n’importe quelle boutique multimarque, et des mouvements comme « J’achète belge », pour soutenir la consommation nationale dans le secteur du design.

« Je suis entre autres venue ici pour m’immerger dans la culture mode. Les gens s’intéressent aux défilés de New York et Paris, et ne se rendent pas compte qu’il se passe beaucoup de choses en Europe », assure Tatiana de la Fuente, responsable des relations extérieures de l’IED Barcelona, qui participe ces jours-ci au Sommet de la Mode Européenne de Bruxelles et aux Fashion Talks d’Anvers.

Le succès de ces écoles est tel que les étrangers qui viennent y étudier sont de plus en plus nombreux : certains vont ensuite à Paris pour travailler dans des ateliers plus prestigieux ou décident de rester et de profiter de l’élan national pour utiliser l’étiquette belge, comme Lena Lumelski, née en Crimée.

En parallèle des écoles, des plateformes régionales comme MAD, Flanders DC ou Wallonie-Bruxelles Design Mode fonctionnent comme des « think tanks », mais ont aussi un rôle de diffusion du talent belge dans des salons internationaux, d’attribution de bourses et d’organisation de certaines des conférences les plus reconnues du secteur.