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Jeans 1083 : le "made in France", bien plus qu'un argument marketing

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AFP
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21.12.2018

Romans-sur-Isère, 21 décembre 2018 (AFP) - Le « made in France », un simple slogan marketing ? Pas pour le fabricant de jeans 1083 qui oeuvre à la renaissance d'une filière nationale sur un marché ravagé par les importations à vil prix. Un combat mené en s'appuyant sur l'éthique, l'écologie et la solidarité entre industriels. « 97 % de la valeur de nos jeans irrigue l'économie locale », assure son fondateur Thomas Huriez, interrogé au siège de la société à Romans-sur-Isère (Drôme). Seuls le coton brut et les boutons et rivets sont importés. Et encore, ces derniers seront achetés dans la Drôme dès l'an prochain.


Modèle issu de la collaboration Smuggler x 1083, made in France et sur mesure - Smuggler - 1083


Tout est parti d'un magasin à Romans - capitale déchue de la chaussure française - où Thomas Huriez, informaticien grenoblois « en mal de sens », se reconvertit à la vente de vêtements « éthiques ». « Quand je me suis lancé il y a onze ans, les vêtements éthiques étaient assez baba-cool », se souvient-il. « Je trouvais dommage de limiter mon offre à des bonnets péruviens ! »

D'où l'idée de produire lui-même le plus universel des vêtements: le jean. Qui devra être branché et de qualité, raconte Thomas Huriez, vêtu d'un pull rouge - couleur des machines de l'atelier où il reçoit l'AFP. « Quand j'ai lancé la marque en 2013, avec un financement participatif, je pensais vendre 100 jeans sur l'année. En deux mois, j'en ai vendu 1 000. »

Au début, toute sa production était sous-traitée, avant que l'entreprise, avec le succès, n'en réintègre une part grandissante. « Dans la mode, c'est très difficile de faire peu de volume. Pourtant, des entreprises m'ont fait confiance. Quand elles ont été débordées, elles nous ont aidés à monter notre propre atelier. »

La société emploie aujourd'hui cinq couturières, dont trois récemment embauchées dans le cadre d'un contrat emploi/formation, capables d'assembler un jean de A à Z. « Nos couturières, ce sont nos stars. Leur métier émerveille nos visiteurs », relève Thomas Huriez. « On ne veut pas en faire des petits robots au nom de la productivité ». En produisant « nous-mêmes, le but n'est pas de déshabiller nos fournisseurs. Nous continuons à nous approvisionner chez eux », souligne le dirigeant.

Et quand l'un d'entre eux défaille, 1083 vient à la rescousse. La société vient ainsi de reprendre l'un de ses partenaires historiques dans les Vosges - l'une des quatre dernières filatures de coton en France -, sauvant ainsi 35 emplois et « un bout du patrimoine industriel de la France ». « Nous sommes les seuls en France à proposer des jeans dont le denim a été fabriqué » dans l'Hexagone, relève Thomas Huriez.

Economie circulaire

Reste à boucler la boucle, en relocalisant les achats de matière première. Si on ne cultive pas de coton en France, on dispose d'un « gisement incroyable », avec les vieux vêtements, souligne-t-il. A l'horizon 2020, la société espère voir aboutir ses recherches sur le recyclage du coton. « On y arrive en laboratoire. On veut le faire industriellement, ce qui implique des investissements conséquents. »

Déjà, dès l'an prochain, 1083 commercialisera le premier jean « 100 % économie circulaire ». Fabriqué en polyester recyclé à partir de bouteilles et de déchets plastiques ramenés dans les filets des pêcheurs, il sera vendu avec une consigne de 20 euros. Une fois usé, retour en port payé au fabricant - qui le recyclera - pour être remboursé de sa consigne. « L'avenir, c'est l'économie circulaire. C'est aussi une chance pour la France de redevenir un grand pays textile », fait valoir l'entrepreneur.

1083 - référence à la plus grande distance pouvant être parcourue en France, entre Menton et Brest - fabrique aussi des baskets, mais avec un moindre degré d'intégration.

Si elle vend beaucoup en ligne, l'entreprise gère aussi sous la marque Modetic quatre boutiques (à Romans, Lyon, Nantes et Grenoble) où elle distribue ses produits et ceux d'autres marques alternatives. Début décembre, elle inaugurait à Paris son premier magasin à l'enseigne 1083, où fonctionnera bientôt un atelier de réparation, personnalisation et confection sur mesure.

En cinq ans, l'aventure a permis de créer ou sauver 55 emplois chez 1083 et une cinquantaine chez ses sous-traitants.

Avec ses jeans vendus entre 89 et 109 euros, la société est rentable « depuis le début » grâce au faible nombre d'intermédiaires. Son chiffre d'affaires est passé de 200 000 euros en 2013 à 2,5 millions cette année et devrait bondir l'an prochain à 8 millions avec l'intégration de l'activité tissage.

Même si 100 % des bénéfices sont réinvestis, l'ampleur de ses projets de développement a amené cet été la société à ouvrir son capital à hauteur de 29 % à trois fonds « éthiques » (INCO, Crédit Agricole et Terre et Fils).

Bridée par l'exiguïté de ses locaux, 1083 s'installera dans deux ans dans l'usine Charles Jourdan, abandonnée depuis la faillite de l'iconique chausseur romanais. Un projet de 5 millions d'euros qui va lui permettre de tripler la surface de ses bureaux et ateliers, tout en accueillant un magasin 1083 et d'autres « belles marques et belles démarches ».

Par Frédéric Garlan

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