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25.01.2019
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Haute Couture, haute technologie ?

Veröffentlicht am
25.01.2019

Digital et technologie ont investi la mode depuis déjà quelques années. Vêtements intelligents, habits connectés, matériaux révolutionnaires, technologies du futur, couture sans fil. Sans parler des coupes au laser ou de l’impression en 3D désormais utilisées par le plus grand nombre. Mais l’innovation est aussi, pour certaines nouvelles maisons, au cœur de leur démarche créative, comme l’a illustré la Semaine de la Haute Couture qui s’est achevée jeudi.


Le final du défilé d'Iris Van Herpen - irisvanherpen.com


Pionnière de la mode high-tech, Iris Van Herpen a donné le la en ouverture de la Semaine. Première à avoir présenté une robe élaborée grâce à l’impression 3D en 2010, la créatrice néerlandaise, lauréate du prix de l'ANDAM en 2014, attire, depuis, la foule à ses shows avec ses vêtements sculpture aux étranges formes organiques.

Dans son dernier défilé, la dimension technologique a d’ailleurs débordé au-delà de la collection, en offrant au public un final à grand impact visuel obtenu grâce à une lumière laser qui a plongé la salle dans un rêve numérique composé de nuages ​​en mouvement, tandis que les mannequins éclairés par le bas évoluaient comme des lucioles étincelantes. Des images inoubliables, qui ne manqueront pas d'enrichir les contenus du site de la marque et d'étoffer son univers.

L’innovation s’empare de tous le processus, de la fabrication à la présentation, en passant par la communication, pour offrir une « fashion expérience » à 360 degrés. Une démarche qui répond idéalement à la soif d’expérience et de storytelling de la part des consommateurs aujourd’hui.

Flora Miranda (28 ans), qui a fait ses classes chez Iris Van Herpen, l’a bien compris, organisant en marge de la Semaine de la Haute Couture une véritable performance-spectacle avec l’actrice et artiste multimédia Signe Pierce pour présenter sa collection « Deep Web ».

Moment instructif, où la présentatrice, truffée de smartphones en pleine selfiemania, expliquait sur une petite scène du Grand Rex, à coups de graphiques et de tableaux, comment la machine était capable de créer toute seule par elle-même. Les modèles de la collection servaient à illustrer les différentes étapes du processus et de cet apprentissage informatique. Au final, le public était davantage fasciné par le show que par les vêtements, sortant comblé de l'expérience avec l’impression d’être en phase avec son époque.


La présentation high tech et déjantée de Flora Miranda - ph Dominique Muret


La tech-designer, née à Salzbourg, où elle a grandi dans une famille d’artistes et de musiciens, s’oriente d’abord vers la peinture. Mais elle quitte ensuite l’Autriche et s’installe à Anvers, où elle est diplômée en 2014 de l’Académie de la Mode et a lancé sa première collection en 2016.

« Je suis très inspirée par la culture Internet, le numérique, notre identité digitale. Mes vêtements sont réalisés le plus souvent à la main dans mon atelier, la technologie intervient seulement dans certaines parties. C’est davantage l’esthétique de la technologie qui m’attire », nous explique Flora Miranda à la fin de son spectacle. « Je vends les robes, mais je vends aussi les histoires que je construis autour. Nous sommes en pleine croissance ! Il y a pas mal d’entreprises, pas forcément dans la mode, qui sont intéressées par mon travail et mes histoires », poursuit la créatrice, qui a trouvé un créneau entre la mode et l’art dans une approche interdisciplinaire.

Gyunel Rustamova (37 ans) a débuté elle aussi comme artiste peintre avant de se reconvertir dans la mode. Née à Bakou, en Azerbaïdjan, elle part pour le London College of Fashion et Central Saint Martins. Elle a enregistré sa marque de Haute Couture, Gyunel, en 2005, commençant à défiler seulement en 2013. Aujourd’hui, elle compte une cinquantaine de clientes privées.

« A l’école, j’ai appris la peinture sur soie avec les plus grands spécialistes. Mais au final, c’est très limité. Je peins toujours mes imprimés à l’huile ou à l’aquarelle, mais ensuite j’utilise l’impression digitale pour les reproduire sur mes vêtements », raconte-t-elle dans un salon de l’hôtel Ritz, où elle présentait sa collection pendant la Couture.


Un modèle de Gyunel faisant appel à la technologie - DR


« J’utilise aussi la coupe laser et l’impression 3D. La technologie est désormais partout. Cela repousse les limites de la création et nous offre plus de possibilités, surtout pour les petite start-up », constate-t-elle.

La jeune créatrice arménienne Armine Ohanyan, qui a également défilé en marge de cette semaine Haute Couture, s’inscrit dans la même veine techno-fashion. Impression 3D, découpe laser, matières atypiques comme le silicone font partie de ses techniques de création. De même qu’elle s’est lancée à l’occasion dans des performances artistiques protéiformes pour présenter son travail.

Même son de cloche chez Yuima Nakazato (33 ans), adepte de la digital-couture sans fil ni aiguille, qui a clôturé la Semaine de la Haute Couture, jeudi, où il présente ses collections depuis juillet 2016. « Pour moi, la technologie est juste un outil, mais elle reste fondamentale car elle permet de s’ouvrir à de nouvelles possibilités », confie le créateur japonais, qui se présente en blouse blanche au milieu du public pour expliquer sa démarche.

Pas de défilé spectaculaire, ni de vêtements futuristes. Les grandes machines présentes sur le podium l’année dernière, un scanner 3D et un cutter laser, qui permettaient de prendre les mensurations du client et de couper dans la foulée les différents morceaux de tissus à assembler, ont également disparu. Le designer, qui a étudié à l’Académie d’Anvers et a longtemps dessiné des tenues de scène pour le théâtre et le cinéma avant de fonder sa propre marque en 2015, a opté cette fois pour une présentation plus intimiste, avec des vêtements plus quotidiens et facilement portables, mais toujours porteurs d’une forte authenticité.


L'artisan nouvelle génération deYuima Nakazato - ph Dominique Mure


Il a construit une histoire autour de huit personnages d’âges et d’horizons différents, confectionnant pour chacun des vêtements qui expriment à la fois leur histoire, leur mémoire et leur personnalité. Pour ce faire, il a assemblé en un seul habit, grâce à la technique sans fil qu’il a mise au point, différents pans de tissus, ayant pour chaque personne une signification particulière.

La femme âgée avec la robe reprenant les peintures de son mari, la photographe passionnée par la route de la soie, un spécialiste de la teinture à l’indigo, la robe de la mariée conçue dans la lingerie de sa grand-mère, le costume d’un danseur mêlant les différentes étapes de sa carrière, la chemise mêlant la garde-robe d’un fils et d’un père passionnés de rock, un garçon de 9 ans qui rêve de devenir astronaute et une fillette de 4 ans qui réunit toutes ses peluches en une seule robe.

Finalement, la technologie s’efface pour laisser place à une personnalisation très couture et un important travail à la main. Grand conteur, Yuima Nakazato séduit avec une installation sobre mais efficace, jouant sur la poésie d’un film vidéo et de superbes photos, ainsi que sur l’installation des vêtements mettant côte à côte la pièce de départ et celle recomposée à partir des souvenirs de ses clients, tandis qu’un artisan des temps nouveaux confectionne une robe sous nos yeux en introduisant dans de micros trous les minuscules attaches qui remplacent le fil.

« La technologie ne remplacera jamais la main. Un robot ne peut reproduire des gestes aussi fins et minutieux. Même si l’innovation fait partie de notre quotidien, elle ne remplacera jamais le savoir-faire des ateliers », commente Pascal Morand, président exécutif de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, venu assister à la démonstration.

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