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03.12.2018
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Gilets jaunes : des dégâts "irréversibles" pour certaines enseignes

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03.12.2018

Si Bercy qualifiait il y a une semaine de "sévère" l’impact de la mobilisation des gilets jaunes, Bruno Le Maire évoque depuis le 3 décembre des dégâts "sévères et continus". Si l'incidence sur les ventes varie de 15 à 25 % dans la grande distribution, elle s'élève de 20 à 40 % dans le commerce de détail, annonce le ministre de l'Economie et des Finances. Au niveau des fédérations, certaines avancent même des taux pouvant atteindre les 50 %, tandis que les centres commerciaux continuent d’être la cible des blocages et la victime de l'impact psychologique sur une clientèle se tournant par précaution vers l'e-commerce.


Des affrontements ont eu lieu samedi 1er décembre sur le boulevard Haussmann, causant l'évacuation des grands magasins et commerces voisins - AFP


Sur ce troisième week-end de mobilisation, la fréquentation des centres commerciaux a ainsi chuté de 15 % sur la journée du samedi à l'échelle nationale. L'impact est de nouveau plus fort du côté des espaces commerciaux de périphéries, plus dépendants des routes, qui ont connu un affaissement de 19 %. Un niveau identique à celui constaté une semaine plus tôt.

« Ce qui nous inquiète surtout, c'est que nous avons désormais des tentatives d'intrusions dans les centres, qui ne sont pas du fait de "vrais" gilets jaunes », confie à FashionNetwork.com Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux. Le CNCC avait déjà déploré au niveau national des chutes respectives de 39 % le samedi 17 novembre, et de 15 % le suivant. Au final, grâce aux achats préventifs le vendredi soir et au rattrapage permis pour certains le dimanche, les chutes de fréquentation s’étaient établies pour les deux week-ends à -13 % et -9 %.

Pour l’Alliance du commerce, qui regroupe grands magasins et enseignes d’habillement, les pertes avoisinent désormais les 50 %, aussi bien à Paris que dans les régions les plus touchées. « Pour beaucoup d’enseignes, les dégâts sont déjà irréversibles », indique son directeur général Yohann Petiot à l’issue de la rencontre organisée le 3 décembre entre les fédérations et le ministre de l'Economie. « Cela profite malheureusement aux acteurs du e-commerce, qui eux voient un report des achats sur leurs sites. Ce qui va pénaliser encore plus le commerce physique, qui ces dernières années a déjà souffert de la montée en puissance de ces pure players, car toutes les ventes qui se sont reportées ne se feront plus dans les prochaines semaines en magasins ».

Le Conseil du commerce de France, qui participait à cette seconde réunion ministérielle dédiée à l’impact économique des Gilets jaunes, évoquait pour le premier week-end de mobilisation une chute de 30 % des ventes, avec des pertes de chiffre d'affaires grimpant jusqu'à 75 % pour certaines enseignes, notamment celles ne pouvant se rattraper faute d’ouverture possible le dimanche. Un impact qui a eu tendance à se renforcer le deuxième week-end de mobilisation, les commerces devenant des cibles claires, et les consommateurs arbitrant de façon croissante leurs déplacements. Ainsi, pour le CdCF, les pertes oscillaient entre 40 et 80 % sur ce week-end du 24 et 25 novembre.

Dégâts sur l'emploi et le tourisme

A Paris, plus de 10 millions d’euros de pertes d’activité seraient à déplorer sur le seul quartier d’Haussmann, où les grands magasins Galeries Lafayette et Printemps ont dû être évacués ce samedi en raison des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants.

Pour rappel, le week-end précédent, le Comité des Champs-Elysées avait évalué la chute du chiffre d'affaires à 80 %. Parmi les 32 enseignes alors touchées sur la plus belle avenue du monde, Givenchy, mais aussi la récente boutique Dior a fait état d'un préjudice de 1,5 million d'euros, dont 500 000 euros en bijoux volés. Ce samedi 1er décembre, les dégradations et vols se sont également propagés à d'autres artères parisiennes, comme la rue de Rivoli, la rue du Faubourg-Saint-Honoré, l'avenue Kléber, la rue Cambon...

« Le manque à gagner et les pertes, en particulier dans le domaine alimentaire, vont se chiffrer en milliards d'euros », a déclaré dimanche à l'AFP Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), pointant que si le chiffre d'affaires du secteur retail est de 8 à 9 milliards d'euros sur une semaine ordinaire, il grimpe à 15 milliards avant les fêtes. « Une baisse d'activité aussi forte a des conséquences très lourdes ».

Mais les chutes de fréquentation et d'activité ne sont pas les seuls chiffres que surveillent désormais les professionnels. Les images de Paris en flammes auraient d’ores et déjà un impact sur le tourisme. Pour la première fois depuis le début de la mobilisation, Bercy fait état d’un recul des réservations hôtelières, évaluées à 15-20 %.

L’emploi est l’autre victime de la mobilisation des Gilets jaunes. « Tous les renforts de fin d’année ont été annulés par les enseignes, déplore Yohann Petiot. Cela a un impact considérable sur l’emploi. Et les enseignes sont désormais nombreuses à réfléchir à la mise en place du chômage partiel pour cette fin d’année. » A ceci s'ajoute un autre élément humain : les enseignes font désormais part de dommages psychologiques sur leurs équipes de vente qui ont été confrontées à des manifestants. Outre les blocages, certains ont assisté à des dégradations et pillages de points de vente. L'Alliance du commerce confirme, et évoque la mise en place de cellules psychologiques par certains réseaux.

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