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EssilorLuxottica : la justice française nomme un mandataire pour jouer les conciliateurs

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29.04.2019

Paris, 26 avril 2019 (AFP) - Le tribunal de commerce de Paris a désigné vendredi son ancien président, le Français Frank Gentin, comme mandataire ad hoc d'EssilorLuxottica pour organiser la défense du géant mondial de l'optique dans une procédure d'arbitrage l'opposant à son PDG et grand actionnaire, l'Italien Leonardo Del Vecchio. 


JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP


Ancien président du tribunal de commerce de la capitale de 2012 à 2016, Frank Gentin a dénoué par le passé plusieurs lourds contentieux entre grandes entreprises françaises, notamment en 2014 celui qui opposait le géant français du luxe LVMH à son concurrent Hermès, à la suite d'une importante prise de participation du premier au capital du second. Agé de 61 ans, ce diplômé de la grande école de commerce Essec, réputé discret et travailleur, a commencé sa carrière à la direction financière d'une coentreprise du groupe Bouygues en Arabie saoudite, avant de travailler comme consultant du cabinet Arthur Andersen puis de rejoindre Bernis Investissement, société familiale de capital-développement dont il est devenu président. 

Au crédit de ce pacificateur figurent aussi l'accord trouvé en 2012 entre les Galeries Lafayette et Casino, qui se disputaient au sujet de Monoprix, leur coentreprise à l'époque, et en 2013 le règlement du conflit entre Vivendi et Lagardère sur la cession des parts de ce dernier dans Canal+. 

Un conseil d'administration bloqué

Le défi que constitue le règlement de la crise au sein d'EssilorLuxottica s'annonce tout aussi ardu pour Frank Gentin. 
Le PDG et premier actionnaire du groupe, l'Italien Leonardo Del Vecchio, et le vice-PDG délégué, Hubert Sagnières, s'accusent mutuellement de vouloir prendre le contrôle des opérations et de violer ainsi les accords signés préalablement à la fusion de l'entreprise française Essilor et de l'italienne Luxottica, effective depuis octobre dernier. 

Le conseil d'administration d'EssilorLuxottica se retrouve actuellement paralysé par cette lutte de pouvoir, étant donné qu'il est composé de huit administrateurs désignés par la partie française et huit autres par la partie italienne. 

Fin mars, Delfin, la holding de Leonardo Del Vecchio qui détient 32 % du capital du groupe, a entamé une procédure d'arbitrage devant la Chambre de commerce internationale en vue de « faire constater les violations » des accords par Hubert Sagnières et EssilorLuxottica « sous son impulsion ». En réaction à cette procédure d'arbitrage, Hubert Sagnières et d'autres membres du conseil d'administration proches d'Essilor avaient récemment saisi en référé le tribunal de commerce de Paris.

Leur intention était d'obtenir la désignation d'un mandataire ad hoc « pour exercer les droits de vote en lieu et à la place » de quatre administrateurs indépendants du groupe proches de Delfin, pour permettre à Hubert Sagnières d'organiser la défense du groupe dans la procédure d'arbitrage, selon l'ordonnance du tribunal que s'est procurée vendredi l'AFP. 

Si le tribunal a donc bien nommé un mandataire ad hoc, il a cependant rejeté les propositions consistant à priver les quatre administrateurs désignés par Delfin de leurs droits de vote au conseil et de déléguer à Hubert Sagnières l'organisation de la défense d'EssilorLuxottica dans la procédure d'arbitrage. 

C'est donc Frank Gentin qui aura pour mission d'organiser cette défense, en désignant notamment un arbitre et un avocat pour EssilorLuxottica, en concertation avec les administrateurs du groupe, « ensemble ou séparément », selon l'ordonnance. 

« C'est une bonne décision dans l'intérêt social de l'entreprise », s'est félicité auprès de l'AFP Didier Malka, l'avocat des quatre administrateurs indépendants d'EssilorLuxottica désignés par Delfin. Frank Gentin « est un homme de grande expérience qui a su montrer par le passé ses grandes capacités à trouver des solutions dans des conflits très difficiles », a-t-il estimé. 

Le sort de Luxottica, numéro un mondial des montures de lunettes haut de gamme, ne laisse pas indifférent en Italie, où les commentaires restent néanmoins extrêmement prudents. Aucun responsable politique italien, y compris les plus favorables au « made in Italy », ne s'est prononcé pour l'heure sur l'affaire EssilorLuxottica, chacun semblant espérer un compromis.

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