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21.05.2023
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Dior Croisière: une Frida Kahlo des temps modernes à Mexico City

Veröffentlicht am
21.05.2023

Cette semaine le défilé Dior était dans toutes les conversations à Mexico City. Le jeu consistait à deviner où aurait lieu l’évènement du 20 mai. Alors que certains misaient sur le Palacio de Bellas Artes, un palais majestueux et emblématique du centre historique, Dior a plutôt choisi le Colegio de San IIdefonso, un lieu confidentiel et chargé d’histoire, en plein coeur du centre historique de Mexico City, à quelques rues seulement de l’agitation parfois chaotique des marchés populaires et autres vendeurs de rue.


Dior Croisière 2024 - DIOR



Un lieu hautement symbolique puisque c’est dans cette ancienne école bâtie au XVIème siècle que Frida Kahlo a rencontré Diego Rivera lorsqu’elle n’avait que 18 ans et qu’elle y étudiait. Un lieu où est né le réalisme mexicain, que Maria Grazia Chiuri a largement admiré dans les livres.

Fascinée par le Mexique depuis très longtemps, qu’elle considère comme un "lieu de l’âme", l’opportunité de faire un défilé dans le pays lui est apparue à l’automne dernier, lors de l’exposition Frida Kahlo au musée Galliera de Paris. Elle découvre alors la garde-robe de l’artiste mexicaine, gardée sous scellé pendant 50 ans, et se retrouve fascinée: "C’est incroyable comme elle était précurseur de toutes les discussions que nous pouvons avoir aujourd’hui. Elle est une artiste symbolique. L’artiste féminine la plus importante dans le monde", affirme Maria Grazia Chiuri.

Plus qu’une inspiration c’est une immersion complète sur les traces de l’artiste durant ces quelques jours à Mexico City que la maison Dior a proposée. Le dîner au musée Anahuacalli Diego Rivera, "où Frida et Diego auraient aimé reposé", pouvait-on lire en parcourant l’exposition, en est une démonstration.

Un défilé mémorable



Ce n’est pas la pluie torrentielle qui allait gâcher cet évènement tant attendu. Alors que la soirée aurait pu prendre une tournure catastrophique puisque le défilé était prévu en plein air au milieu du patio de l’édifice antique, les équipes de Bureau Betak mandatées sur place ont réussi un coup de maître en déplaçant en dernière minute tout le sitting dans les étages de cette ancienne bâtisse coloniale pendant que les invités arrivaient petit à petit dans un espace réservé. Le fait d’être répartis sur plusieurs niveaux rendait difficile de voir tous les invités présents, notamment les célébrités, mais Naomi Watts, Alicia Keys, Laetitia Casta, Amira Casar. Des célébrités locales comme Karla Souza, Yalitza Aparicio ou Belinda avaient fait le déplacement.

Le défilé débute sur une bande-son chantant l’amour. Le titre Te Mereces un amor de Vivir Quintana. Des mannequins de toutes origines défilent. Les cheveux tressés, les sourcils marqués, elles paraissent un instant des Frida Kahlo des temps modernes. Un bijou papillon est délicatement placé entre chaque tresse sur leur nuque.

Un papillon omniprésent, sur chaque silhouette. Un symbole fort, tantôt en collier imposant sur une blouse monochrome, en broderie délicate sur un vêtement, sur de grosses ceintures métalliques ou faisant partie d’imprimés majestueux. Des papillons nocturnes qui prennent vie sur les silhouettes, d’après une esquisse d’Andrée Brossin de Méré, issue des archives Dior. "Les papillons peuplent également la toile de Jouy illustrant la flore et la faune mexicaines aux côtés des perroquets, des singes et des strelitzias qui illuminent aussi les tableaux de Frida Kahlo", peut-on lire dans la présentation de la collection.

Maria Grazia Chiuri crée pour cette collection croisière des silhouettes à la fois féminines mais déjouant les frontières du masculin féminin, représenté par une série de complets avec noeud papillon, impeccablement coupés, en version noire ou blanche. "Des costumes trois-pièces portés par Frida dès ses 19 ans, transgressant sa féminité pour revendiquer une indépendance avant tout intellectuelle.".


Dior croisière 2024 - DIOR


Des robes délicatement brodées et fragiles laissent place à des looks où la dentelle et le velours s’imposent. Les jupes majestueuses sont plissées et semblent s’ouvrir comme des corolles. Elles se portent avec d’imposantes bottes en cuir noir. Le noir et le blanc plutôt dominants au début font place à de la couleur, avec une robe d’un rose profond notamment, à l’instar de celle qui était chère à Frida Kahlo et qui apparaissait dans ses autoportraits. Ou encore des silhouettes aux couleurs du Mexique, alliant le rouge, le vert et les broderies traditionnelles mais dans une interprétation moderne et étonnante.

Pour donner de l’authenticité à tous ses looks, Maria Grazia Chiuri a choisi de s’entourer des meilleurs artisans mexicains. Brodeurs, tisseurs ou encore créateurs de bijoux, ils ont tous collaboré à apporter leur savoir-faire pour cette collection. L’artisanat, Maria Grazia Chiuri, tient à le mettre en avant et à le perpétuer: "Nous ne devons pas seulement protéger l’artisanat mais également avoir une vision du futur, car nous prenons le risque de ne pas avoir une nouvelle génération intéressée. Ce que nous faisons avec Dior, depuis 2016: nous soutenons les artisans, à travers l’éducation, à travers l’école, où les gens peuvent comprendre la valeur d’avoir de telles compétences.", affirmait-elle avant le défilé.

Une performance d’Elina Chauvet



Le féminisme, cher à Maria Grazia Chiuri, n’était pas oublié non plus lors de ce défilé croisière. La directrice artistique a en effet invité Elina Chauvet, artiste mexicaine féministe à imaginer une installation spécialement pensée pour cet événement. Elina Chauvet est une artiste pluridisciplinaire qui s’illustre par une esthétique façonnée par un principe directeur constant, à savoir l’urgence de révéler l’absence, le silence qui entoure les nombreuses disparitions de femmes dans l’État de Chihuahua où elle est née, l’une des régions les plus touchées par les féminicides au Mexique. Pour l'oeuvre Zapatos Rojos (2009), l’artiste a commencé à disposer au sol, dans les rues et sur les places des villes du Mexique, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et d’Europe, des paires de chaussures rouges rappelant les corps absents de leurs propriétaires disparues. Installation très remarquée par Maria Grazia elle-même à l’époque en Europe.

C’est à partir de 2012 qu’Elina Chauvet a commencé à broder au fil rouge des mots sur une robe blanche, pour évoquer le travail de Pippa Bacca, morte prématurément et violemment. Prenant pour support vingt toiles blanches issues des archives Dior et confectionnées dans les ateliers parisiens, Elina et un groupe de seize brodeuses, dans leur projet intitulé A Corazón abierto ont apposé leurs mots, sur des modèles présentés avant le final.

La performance d’Elina Chauvet était impactante, sur le titre de Vivir Quintana, Canción sin miedo, hommage aux féminicides et appel aux femmes à se battre et à réclamer justice. Un morceau vibrant, que les invités ont pu ressentir et qui a précédé le final d’un défilé qui restera mémorable. Tant par les messages portés par la maison que par la collection extrêmement désirable et résolument moderne. Il n'y a que Maria Grazia Chiuri pour réussir à mettre en valeur tant de savoir-faire ancestral tout en innovant et en imaginant un très grand moment de mode. 

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