Dao: le pari de fabriquer autrement des jeans en France

Von

Céline VAUTARD

Veröffentlicht am
12.10.2021

Trois lettres qui forment le nom d’un créateur singulier et sont devenues la signature d’une nouvelle façon de concevoir et de fabriquer un jean. “Notre force réside dans la déconstruction du modèle actuel de la mode pour en construire un nouveau plus responsable et traçable. Pour cela, nous nous appuyons sur des savoir-faire que nous avons développés en interne via notre propre atelier et qui constituent un point fort de la marque, confie Davy Dao. Nous avons constitué un réseau de partenaires (tisseurs, ennoblisseurs, tricoteurs) en circuit court car à 80% situés en France et 20% en Europe. L’objectif à terme étant de constituer une filière complète pour le jean en France”.

Avec un modèle phare sorti en 2018 via un financement participatif, soit le premier jean en lin cultivé et fabriqué en France baptisé le "Denim Lin" (composé à 97% de lin et 3% d’élasthanne), la marque innove sur le marché.

“Il nous a fallu deux ans pour trouver le bon tisseur, la bonne main. Les retours ont été dans l'ensemble très bons mais nous avons aussi écouté les retours plus mitigés et étudié les pistes d’amélioration, explique le créateur. Du coup, nous avons continué à travailler pour proposer le meilleur jean composé de matières naturelles et nous avons pris le parti d’allier le meilleur du lin et du coton biologique.”

Résultat, ce mois-ci sort le "Denim Lin Metis" pour homme et femme. “L’innovation réside dans le fait de pouvoir continuer à proposer des jeans durables à base de lin français et de proposer une alternative plus écoresponsable dans un secteur où, généralement, le coton conventionnel est roi. Ce jean soutient toute une filière qui, après s’être vue très fortement délocalisée, tend à nouveau à se relocaliser et ce grâce aux efforts conjugués d’acteurs engagés dont nous faisons partie”, poursuit-il.

Dans le détail, au départ, la couleur du fil de coton biologique a été développée sur mesure pour Dao, puis la teinture a été réalisée en Allemagne en répondant aux normes Oeko Tex 100. Le fil de lin a été réalisé par Safilin, entreprise française spécialisée dans la filature de lin. La toile a ensuite été tissée du côté de Montbéliard par le tisseur indépendant Manufacture Metis, puis ennoblie dans les Vosges. Enfin, elle a été acheminée dans le nouvel atelier de la marque pour y être coupée et cousue en jeans.

De fait, depuis cet été, Dao a quitté le petit atelier situé au-dessus de la boutique de la rue Saint-Nicolas, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), pour emménager dans plus grand, non loin de là, à Maxéville.

Avec de nouveaux équipements, la marque prend un nouveau virage, à peine ébranlée par la crise sanitaire. “Nous avons répondu présent lors de la pénurie de masques en fabriquant et livrant plus de 850.000 masques barrières en tissu, explique Davy Dao. Nous avons dû fermer trois mois et demi notre boutique l’année dernière mais la crise sanitaire a été porteuse car, dès la réouverture, nous y avons constaté du trafic supplémentaire (environ +25%) de clients qui se posaient des questions par rapport à la mode et comment consommer plus responsable. Cette année, nous allons fabriquer environ 7.000 pièces dans notre propre atelier et nous avons pour objectif d’en fabriquer 10.000 l’année prochaine.”

De quoi permettre à Dao de poursuivre son développement. Aujourd’hui, la marque est distribuée via trois canaux: son site internet, la boutique en propre de Nancy et un réseau de boutiques spécialisées dans la fabrication française et les créateurs.

“Actuellement cinq partenaires diffusent nos produits (Paris, Marseille, Toulouse, Poitiers et Brest) mais, d’ici la fin de cette année, nous visons dix revendeurs pour la France. Nous avons commencé ce travail depuis le début de l’année 2021, conclut Davy Dao. Enfin, nous avons plusieurs projets en cours, dont un nouveau jean selvedge 100% français qui sortira bientôt de l’atelier. Point important: nous travaillons depuis trois ans sur un projet d’alternative à la peau animal pour nos patchs de ceinture. Ce petit rectangle initialement en cuir va être remplacé par du papier indéchirable.”