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07.04.2021
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Dans les Cévennes, la tonte des brebis alimente l'économie locale

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07.04.2021

Au pied du Mont Lozère, des tondeurs s'activent autour des brebis pour un exercice "entre judo et danse". Leur but: récupérer la laine des 3.500 animaux d'un groupement pastoral, un travail qui trouve son aboutissement dans une filière locale et vertueuse grâce à une Scop.


Tonte des brebis - AFP



"Pour nous, c'est une période difficile en terme de fatigue mais c'est aussi un moment de bien-être pour les brebis parce qu'elles entament le printemps en étant propres, sans parasite", explique à l'AFP Olivier Maurin, éleveur au hameau de la Bessière, en Lozère.

"La tonte est une activité très physique, entre judo et danse", renchérit Julien Valade, 49 ans, tondeur professionnel depuis 27 ans au sein de la Scop (Société coopérative et participative) Ardelaine, créée en 1982 dans l'Ardèche voisine.

Dans la vaste bergerie de Prévenchères surplombant les habitations séculaires en granit, Julien, le torse soutenu par un harnais suspendu à une potence pour éviter une trop grande usure du dos, se livre à un étrange ballet, en manipulant au sol une brebis bloquée entre ses jambes.

A ses côtés, Olivier, 45 ans, un des rares éleveurs continuant à tondre au sein du groupement de huit agriculteurs, "fait comme il peut" après avoir "appris sur le tas" avec la génération précédente.

"De mon temps, les éleveurs tondaient sans aide extérieure, autour de la Saint-Jean", en juin et en fonction de la Lune, raconte François Maurin, 60 ans, son cousin à la retraite. Aujourd'hui la tonte s'est professionnalisée et étalée dans le temps - de février à juin.

Côté débouchés, les temps ont aussi bien changé: chaque brebis donne environ un kilo de laine acheté 90 centimes par Ardelaine, une Scop ardéchoise, bien au-dessus du prix du marché fixé à moins de 30 centimes.

 "Méthode néo-zélandaise"



Fondée alors que certains éleveurs en étaient réduits à jeter ou brûler la laine faute de débouché, Ardelaine "travaille toutes les étapes de la laine: on va tondre chez les éleveurs, on trie ensuite la laine selon les différentes qualités, les couleurs, on organise la collecte vers Saint-Pierreville où elle est compressée, lavée puis distribuée soit pour le tricotage, soit pour la matelasserie", énumère Julien Valade.

Travailler avec la Scop ardéchoise, qui emploie une soixantaine de personnes et produit literie, linge de lit et vêtements en laine naturelle est "le système le plus rentable pour nous", abonde Olivier Maurin.

La relation, entamée il y a une dizaine d'années entre les éleveurs lozériens de Prévenchères et la Scop, va bien au-delà. "On sait qu'ils vont travailler notre laine avec beaucoup de passion pour fabriquer localement des produits finis de qualité", se félicite l'éleveur.

Mais avant la création de ces produits, Julien Valade et les trois tondeurs sous-traitants d'Ardelaine venus à Prévenchères pour la semaine, pratiquent sur les brebis la "méthode néo-zélandaise", des gestes précis et rapides permettant notamment d'enlever les toisons en un seul morceau.

Stressées, les brebis, parfois pleines, poussent d'abord des bêlements de frayeur mais tendent à se calmer une fois entre les mains des tondeurs.

Au fil de la journée, la bergerie se transforme en sauna et les tondeuses glissent mieux sur les peaux en sueur. Après la tonte, ces "Blanches du Massif Central" (BMC), une race rustique destinée à Prévenchères, rude terre de moyenne montagne, à la production extensive de viande d'agneau, se précipitent vers le fourrage.

"Il y a l'effet d'équipe, de solidarité: des collègues viennent nous aider à attraper les brebis et demain on ira chez eux pour la tonte: les relations humaines, c'est important, surtout dans cette période difficile de pandémie", souffle Olivier Maurin.

Par Isabelle LIGNER à Prévenchères (France), 2 avr 2021 (AFP)

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