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16.02.2005
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Créateur de musique de défilés, un métier fermé et dominé par les Français

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16.02.2005

Traduire en musique le style d'un créateur, rythmer le pas des mannequins et parfois tenir en éveil des rédactrices de mode: tel est le lot de l'illustrateur sonore de défilés, profession très exclusive et largement dominée par les Français. "Les créateurs commencent par me montrer les vêtements, ils me racontent l'histoire de la collection, après on discute musique", raconte Michel Gaubert, la star absolue du métier. Avec Fred Sanchez, Français lui aussi, il fait partie de la poignée d'illustrateurs sonores appelés aux quatre coins de la planète pour assurer la bande-son des défilés les plus prestigieux. Avec, à la clé, environ 6.000 dollars par show pour les stars, 2.000 pour les moins connus. Armé d'une immense culture musicale qui va du "heavy metal" à la musique classique, les "sound designers" doivent savoir retranscrire l'esthétique d'un créateur. Pour accompagner le style provocateur et humoristique de l'Américain Jeremy Scott, "on met des musiques assez puissantes", comme la saison dernière un opéra de Philip Glass mixé à du rap, explique Michel Gaubert. Pour son défilé de septembre, le duo de créateurs branchés Proenza Schouler voulait une chanson des Beach Boys. "On l'a détourné pour que cela donne un son plus ambigu, plus noir", raconte Michel Gaubert. Mardi à New York, le créateur français Roland Mouret, dont le nom circule pour reprendre la direction artistique de Givenchy, voulait ouvrir son show avec un morceau du groupe de hip-hop Black-Eyed Peas reprenant le thème du film Pulp Fiction. Gaubert y a ajouté du rock, de la "new wave" pour une bande-son très "cinématographique", comme les vêtements inspirés des héroïnes de films noirs. "On a pris des morceaux qui ne vont pas ensemble mais qui ont du caractère. C'est comme les vêtements, il ne faut pas que tout aille ensemble mais que ça ait une identité forte", explique Roland Mouret. Il est toutefois dangereux d'accéder à toutes les demandes des créateurs, à l'oreille musicale pas toujours éclairée. Nima Abbasi, ancien avocat, et Laurent Vacher, DJ, l'ont appris à leurs dépens avec leur premier client. "Il voulait qu'on intègre une chanson de Basement Jaxx (musique électronique) qu'on ne trouvait pas appropriée, car le reste de la bande-son était plutôt hip-hop. On a fait ce qu'il voulait et ça a ruiné l'ensemble", explique le duo, connu sous le nom de Labtonic. Pour asseoir l'image d'une marque, une simple chanson suffit parfois, comme un titre du groupe "Vive la fête" dégoté au dernier moment par Michel Gaubert pour un défilé Chanel. Chez le créateur Marc Jacobs, Fred Sanchez opte souvent non seulement pour une chanson unique mais pour un groupe unique: les Smashing Pumpkins. Laurent et Nima racontent aussi que la musique énergique sert parfois de cosmétique pour une collection un peu faible. "Il y a quelques saisons, nous avions prévu une musique très lente. Une styliste travaillant avec la créatrice lui a dit +Tu ne peux pas mettre de la musique lente, tes vêtements ne sont pas assez forts+". Labtonic a réussi son premier coup d'éclat en produisant une bande-son pour le lancement mondial d'un sac Louis Vuitton. Un pari réussi qui leur a servi de carte de visite pour décrocher d'autres clients, comme Esteban Cortazar, Peter Som ou Lela Rose.

Ambiance... au défilé Givenchy Homme Automne/Hiver 2005-2006 Photo : Charles Platiau
Pour Michel Gaubert, le virage s'est fait après plusieurs années comme DJ au Palace, mythique club parisien au début des années 1980. "Je trouvais ça plus satisfaisant de montrer des vêtements avec un son particulier que de faire danser les gens dans une boîte. Un défilé, quand la musique a marqué les gens ou les a aidés à mieux comprendre les vêtements, je suis content", explique-t-il. L'aspect éphémère du métier ne le dérange pas: "La nouveauté me stimule. Et puis la musique, c'est un peu comme la mode: on écoute le tube du moment puis on s'en lasse, un peu comme un vêtement". Par Véronique DUPONT

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