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Coronavirus : quel impact sur l'économie mondiale et le luxe en particulier ?

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27.01.2020

Restrictions drastiques dans les transports, tourisme paralysé, consommation sous pression et turbulences dans l'industrie : l'épidémie de coronavirus menace d'aggraver le ralentissement d'une économie chinoise déjà fragilisée, rappelant le traumatisme du Sras en 2002-2003. Soucieux d'endiguer le virus, qui a déjà contaminé plus de 2 700 personnes, Pékin a adopté des mesures de confinement sans précédent... au risque de plomber l'activité.


Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, visite dans un supermarché de Wuhan, ville épicentre de l'épidémie de coronavirus lundi 27 janvier - AFP


Si les dépenses de consommation, notamment dans les transports et le divertissement, reculaient de 10 %, la croissance du PIB chinois pourrait se voir entamée d'environ 1,2 point, estime l'agence de notation Standard & Poor's. Selon elle, "les consommateurs vont probablement éviter les endroits publics" et "les secteurs exposés aux dépenses des ménages devraient être les plus touchés". De quoi aggraver l'essoufflement économique : la croissance chinoise a signé l'an dernier sa plus faible performance en près de 30 ans (+6,1 %), et Pékin comptait justement sur la consommation (3,5 points de croissance en 2019) pour résister.

"Au pire moment, en mai 2003, le trafic passagers (tous transports confondus) s'était contracté de 50 % sur un an et la croissance des ventes au détail avait été sabrée de moitié en quelques mois", rappelle Julian Evans-Pritchard, de Capital Economics. Or, depuis, le secteur des services s'est nettement renforcé, jusqu'à représenter plus de la moitié du PIB. Néanmoins, "l'ascension du commerce en ligne et des services de livraison de repas pourraient atténuer le choc", tempère Julian Evans-Pritchard.

Impact sur la cotation des groupes de luxe



Les craintes se font néanmoins de plus en plus sentir parmi les analystes : "Les marchés boursiers mondiaux sont sous pression en ce début de semaine alors que les craintes grandissent quant à la propagation de l'épidémie de coronavirus en Chine", résume Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

Les titres des groupes de luxe, très implantés auprès de la clientèle chinoise, étaient particulièrement affectés. A Paris, LVMH, numéro un mondial du secteur, chutait de 3,54 % à 401,55 euros, Hermès de 4,61 % à 678,20 euros, L'Oréal de 4,25 % à 259 euros. A la Bourse de Londres, Burberry dévissait de 4,39 % à 2.007 pence.

Alors que la période du Nouvel an chinois devrait être propice à la consommation, l'annulation de célébrations un peu partout dans le pays pèserait sur les ventes de ces acteurs. Entre autres mesures prises en Chine, la métropole de Wuhan, berceau du virus, est de facto coupée du monde, ainsi que quasiment toute la province centrale du Hubei. Et, soucieux de restreindre encore l'affluence dans les transports en plein congé du Nouvel an lunaire, le gouvernement a suspendu lundi les voyages organisés en Chine et à l'étranger, un coup dur pour le tourisme, poids lourd de l'économie avec 11 % du PIB en 2018 selon les chiffres officiels.

Trip.com, géant chinois des réservations de voyages en ligne et qui lorgne une introduction à la Bourse de Hong Kong, a vu son titre à Wall Street s'effondrer de 18 % en quatre séances. Il a annoncé lundi proposer une "garantie d'annulation" gratuite. Les répercussions pourraient se faire sentir ailleurs en Asie, du Japon à la Thaïlande, où les dépenses des touristes chinois sont un moteur économique crucial.

Mais aussi en Europe. Et spécialement en France. Avec plus de 2 millions de visiteurs par an, les Chinois représentent une clientèle de poids pour la France et sont surtout les plus dépensiers, une manne qui pourrait pâtir des effets du coronavirus en cas de ralentissement des flux touristiques en provenance de Chine. Le nombre de Chinois accueillis dans l'Hexagone a bondi ces dix dernières années, passant de 715 000 en 2009 à quelque 2,2 millions en 2018 selon Atout France, l'agence nationale qui promeut le tourisme hexagonal à l'étranger. Cette fréquentation s'est cependant stabilisée depuis les attentats de 2015, où 2,2 millions de visiteurs avaient été recensés, avant 2 millions en 2016 puis 2,1 millions en 2017.

Mais surtout : "Si les Chinois représentent 2,5 % de la fréquentation touristique totale, ils sont encore plus 'lourds' économiquement : avec 4 milliards d'euros de dépenses, ils totalisent 7 % de la recette touristique", indique à l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, l'organisation qui représente le secteur du voyage en France. Rien qu'à Paris et dans sa région, les visiteurs chinois ont dépensé 265 millions d'euros en 2018 dans des biens "durables", qui ne sont pas consommés sur place, comme un sac à main, un vêtement, un parfum ou un simple souvenir, selon des données de la Chambre de commerce et de la Région. Cela en fait la clientèle la plus dépensière devant les Américains (246 millions d'euros), les Espagnols (85 millions) et les Japonais (78 millions).

Les festivités du Nouvel An chinois, du 25 janvier au 8 février, mais également les deux semaines suivantes, sont cruciales pour les commerçants : en 2018 et 2019, les ventes détaxées des touristes chinois sur la période ont représenté environ 10 % du total de leurs dépenses annuelles, rappelle l'opérateur de détaxe Planet. En 2019, le tourisme chinois a représenté 32 % de la valeur des ventes détaxées dans l'Hexagone, détaille Planet.

Quelles conséquences sur le tourisme hexagonal ?



"On est en basse saison pour l'instant, mais si la situation perdurait - et il y a de très fortes probabilités que ce soit long- l'impact économique sera important, notamment pour l'hôtellerie et le secteur du luxe", estime Jean-Pierre Mas. Lors du Nouvel An chinois 2019, "le nombre de détaxes des touristes chinois en France avait diminué de 5 % par rapport à 2018, notamment à cause du mouvement des 'gilets jaunes', selon la société Planet. Sur cette base et dans "le pire des scénarios pour 2020, les pertes pourraient être estimées à 10 % des achats détaxés en France, soit 22 millions d'euros".

"Forcément cela va créer un manque d'arrivées de touristes chinois", même si "février n'est pas un énorme mois", renchérit Christophe Decloux, directeur général du CRT. Il rappelle qu'en 2003, lors de l'épidémie de Sras en Asie, "on a eu une baisse d'arrivées -pour l'ensemble des marchés asiatiques et pas seulement le marché chinois- de 1,7 million de touristes, ce qui représentait une perte d'environ 200 millions d'euros de chiffre d'affaires".






(La rédaction avec AFP)

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