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Paul Kaplan
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20.01.2020
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Chez Christian Dior, le féminisme se raconte en Couture

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Paul Kaplan
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20.01.2020

Le chapiteau installé par Christian Dior dans les jardins du Musée Rodin — pour y mettre en scène son défilé couture — était en fait une sculpture géante représentant un torse de femme allongée. Comme pour annoncer le thème du show audacieux et spectaculaire orchestré par Maria Grazia Chiuri.


Christian Dior - Spring-Summer2020 - Haute Couture - Paris - © PixelFormula



Le gigantesque décor, baptisé "La Divinité", a été dessiné par l'artiste américaine Judy Chicago, à qui l'on doit également la toile de fond du podium — sur laquelle on pouvait lire "Et si les femmes dirigeaient le monde ?". Élément de réponse : si cela se produisait dans l'univers de Dior, nous serions gouvernés par des divinités.

La moitié des mannequins ressemblaient en effet à des déesses. La Haute Couture produit les vêtements les plus rares et les plus chers de l'écosystème de la mode ; ils sont conçus pour une élite privilégiée ; pourtant, la collection dévoilée aujourd'hui par la maison Dior semblait entièrement consacrée à l'émancipation de la femme, et même de la partie la plus spirituelle de son être.

La pièce principale du défilé était peut-être la robe "peplum", munie de basques à la taille, "une robe qui s'accroche à votre corps et prend soin de vous". La robe peplum est une des pièces les plus emblématiques de la couture parisienne, mais rares sont ceux à avoir fourni leur propre interprétation de cet archétype avec autant de raffinement que Maria Grazia Chiuri.

Cette dernière drape les étoffes avec passion, coupe les lignes les plus pures, crée des nœuds de bretelles complexes et les garnit de finitions tressées. Le tout coupé dans les tissus les plus nobles — crêpe or rose, mousseline de soie ivoire, jacquard pied-de-poule doré, tulle couleur or vieilli et, bien sûr, mousseline grise Dior. Chacune des 77 silhouettes était accessoirisée de bracelets à feuilles en or, de colliers floraux, de bracelets en forme de serpent ou de sandales ailées. Des beautés à la Botticelli.

"Je me suis rendu compte que les déesses sont partout, dans les statues, et dans l'art. Surtout ici à Paris."



"Depuis le début, je songeais à l'idée de divinité. Je me suis rendu compte que les déesses sont partout, dans les statues, et dans l'art. Surtout ici à Paris. Comme au Louvre, avec la Victoire de Samothrace", explique Maria Grazia Chiuri, qui a fait après le défilé une longue promenade autour du chapiteau, posant en son centre devant une bande de rédacteurs en chef de Vogue.

Pour la journée, la créatrice italienne a imaginé des toges sportives et une série de costumes-pantalons en jacquard à diagonales dorés, avec d'élégants cols châle.

Témoignant de la puissance de Dior, un régiment d'actrices et de célébrités, dont Kristin Scott Thomas, Uma Thurman, Haley Bennett, Natalia Vodianova, Alexa Chung, Jeanne Damas, Amira Casar, Monica Bellucci et Sigourney Weaver, avait pris place à l'encolure du gigantesque torse.

La créatrice italienne a parcouru la Méditerranée pour son défilé, multipliant les allusions aux reines athéniennes, à la noblesse carthaginoise et aux riches aristocrates romaines, comme si ces dernières s'étaient échappées d'une fresque à Pompéi.

L'apogée du défilé est arrivé avec le mannequin dominicain Lineisy Montero, apparaissant dans une longue robe en mousseline brune, surmontée d'une cape en plumes digne de Cléopâtre, encore une belle démonstration du savoir-faire des ateliers Dior. Elizabeth Taylor a du souci à se faire...
 

Christian Dior - Haute Couture - Paris - Photo : FashionNetwork.com / Godfrey Deeny


Au-dessus du public, une série de banderoles posait d'autres questions. "Et si Dieu était une femme ? Les hommes et les femmes seront-ils jamais égaux ?"

Et pourtant, si elle salue les grandes avancées obtenues de son vivant par les mouvements féministes, Maria Grazia Chiuri — peut-être la féministe la plus engagée du monde de la mode — ne mâche pas ses mots sur la lenteur de ces changements.

"On n'a encore jamais eu de femme présidente en Italie, ni en France. Regardez les grands journaux italiens, aucun n'a jamais été dirigé par une femme rédactrice en chef. C'est la même chose en Angleterre. Prenez la cuisine. Si une femme fait la cuisine, c'est une tâche ménagère. Si un homme se met derrière les fourneaux, c'est une expression de sa créativité ! Et je n'ai jamais rencontré non plus de femme à la tête d'un grand hôpital. Honnêtement, je ne crois pas pas que les choses aient vraiment changé", lâche-elle après la fin de son défilé.

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