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07.03.2016
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Armand Hadida : "Un défilé n’a de sens que s’il touche le grand public"

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07.03.2016

Pour Armand Hadida, c’est une révolution qui s’annonce au sujet du calendrier des défilés et au-delà de l’organisation de la profession. Une révolution prévisible depuis longtemps, mais qui n’a pas été anticipée, notamment par les institutionnels du secteur et les organisations professionnelles regroupant les griffes de luxe.
 

Armand Hadida


« Cela fait des années que j’avais évoqué cela auprès de Didier Grumbach (alors à la tête de la Fédération française de la couture, du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode, ndlr), souligne le cofondateur des boutiques L’Eclaireur et directeur artistique de Tranoï. C’était une évidence que l’on ne pouvait pas laisser s’étaler dans les médias les collections quatre à cinq mois avant leur commercialisation tellement c’était un danger pour la création. »
 
Pour cet acteur de premier plan du monde de la mode, qui a justement toujours défendu la création, le laisser-faire a permis aux « copieurs », Armand Hadida cite Zara et H&M notamment, de s’enrichir à bon compte en jouant la fast fashion.

L’offensive américaine sur le thème see now-buy now jetterait ainsi un pavé judicieux dans la mare. « Les Américains ont raison quelque part. Un défilé n’a de sens que s’il touche le grand public, explique Armand Hadida. C’est du marketing. »
 
Celui-ci a son idée sur le calendrier. « Il devrait y avoir deux périodes », explique-t-il. D’abord, comme aujourd’hui, trois à quatre mois avant la vente au public des produits, il faut des présentations en showrooms, privées, réservées aux acheteurs. Ces présentations peuvent durer trois jours. Armand Hadida n’exclut pas d’y accueillir quatre à cinq journalistes retenus par les Maisons à qui celles-ci donnent des bribes de la collection. « Comme cela, on saura qui triche et diffuse les images », souligne-t-il. Ainsi, selon le directeur artistique de Tranoï, les griffes remaîtriseront leur image.
 
Et puis, juste avant la vente au public, peuvent intervenir les défilés, mais là en accueillant tout le monde, les blogueurs, les journalistes, etc. Il faudra en faire de grandes opérations de com' comme ils sont d’ailleurs devenus de plus en plus. Et surtout avoir le maximum de retombées partout. « Aujourd’hui, les Français et les Italiens refusent une telle éventualité, mais ils finiront par y passer », insiste-t-il.
 
Pour Armand Hadida, le changement doit concerner aussi le comportement des jeunes créateurs. « Il faut qu’ils abandonnent les pratiques du passé, et que les écoles elles-mêmes arrêtent de les enseigner, souligne Armand Hadida. Ils doivent abandonner l'idée de collections pour se concentrer sur le vêtement, sur un modèle par exemple, jouer la flexibilité, pourquoi pas se passer des showrooms pour miser sur le consommateur final qui est le décisionnaire aujourd’hui. Les réseaux sociaux permettent cela. Ils peuvent créer des collectifs de réseaux, etc. » Remarque du cofondateur de L’Eclaireur : « Il faut certes qu’ils mettent leur ego au vestiaire. »

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