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23.09.2004
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Anne Wintour, directrice de Vogue USA, invitée de prestige des défilés

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23.09.2004

Lunettes noires sur le bout du nez, stricte coupe au carré et froideur impériale, Anna Wintour, directrice du magazine américain Vogue, règne sur un monde de la mode qui la craint autant qu'il la vénère. A 54 ans, cette Britannique toute menue dirige depuis seize ans - une gageure dans ce métier aux sièges souvent éjectables - un des magazines de mode les plus lus au monde, avec 1 million d'exemplaires vendus chaque mois. Signes de sa puissance, elle peut désormais faire changer les dates de la semaine des défilés à Paris, ou se déplace cette saison aux shows new-yorkais entourée de gardes du corps. Mme Wintour est devenue un personnage incontournable, qui lance les modes, ou les défait. En 1994, elle signe l'arrêt de mort du style "grunge", à travers un numéro intitulé "le retour du chic". Ou quelques années plus tard elle lance Nicolas Ghesquière, le styliste de Balenciaga, grâce à un vêtement photographié en Une. Zac Posen et le duo Proenza Schouler, nouvelles stars de la mode américaine, lui doivent aussi une part de leur succès. "Le Vogue américain, c'est la bible pour les acheteurs" des magasins de prêt-à-porter de luxe, comme Barneys ou Henri Bendel, explique Marie Saeki, directrice d'une agence new-yorkaise de relations publiques travaillant avec de jeunes stylistes. Et ses lectrices ont un pouvoir d'achat en général supérieur à celles des autres journaux, ajoute-t-elle. "Etre dans Vogue, pour un jeune créateur, c'est avoir le sceau d'Anna Wintour sur la cuisse. Ca veut dire que pouvez produire, être distribué...," dit un jeune couturier installé à New York, et qui souhaite rester anonyme. Son influence va loin. Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, l'a consultée -selon le très sérieux Wall Street Journal- avant d'embaucher l'excentrique créateur britannique John Galliano chez Dior, et l'Américain Marc Jacobs chez Louis Vuitton. Anna Wintour, conseil de grands patrons et elle-même chef d'entreprise contrôlant le contenu de son mensuel de A à Z, n'a cependant, pour certains, pas un regard visionnaire ou avant-gardiste. "Elle n'a ni le flair ni l'esprit d'une Diana Vreeland (mythique rédactrice en chef du Vogue dans les années 60, ndlr). C'est sa fermeté en coulisses, pas sa flamboyance qui fait son succès," affirme Ben Widdicombe, chroniqueur au quotidien américain The Daily News. Anna Wintour, qui a baigné dans le monde des médias dès le plus jeune âge grace à son père, personnalité de la presse britannique, raconte avoir choisi très jeune de sacrifier ses études pour intégrer des journaux de mode. Arrivée à New York dans les années 70, elle grimpe rapidement les échelons du milieu. Lorsqu'elle rencontre à la fin des années 70 Grace Mirabella, alors à la tête de Vogue, celle-ci lui demande: "Quel poste vous intéresse ?" "Le vôtre", répond sans ciller celle qui lui succèdera en 1988. Anna Wintour n'a aujourd'hui aucune rivale digne de ce nom, surtout depuis la mort en 1999 de Liz Tilberis, ancienne rédactrice en chef du concurrent Harper's Bazaar. Ce pouvoir incontesté, combiné à sa réputation de femme impitoyable, lui vaut les honneurs des journaux people mais aussi les rumeurs les plus folles. On dit qu'elle aurait demandé à ses employés de ne pas lui adresser la parole dans les couloirs, car cela lui ferait perdre du temps. Signe, en tout cas, de la fascination qu'elle exerce: "Le diable s'habille en Prada", un roman écrit par l'une de ses anciennes assistantes et fondé sur un personnage de rédactrice en chef tyrannique, a fait un tabac aux Etats-Unis et est maintenant publié dans 27 pays. Par Véronique DUPONT

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