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Anne SCHILLING
Veröffentlicht am
03.01.2023
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Anita Tillmann (Premium Group) : "Un nouveau cycle commence, celui du consommateur et des communautés"

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Anne SCHILLING
Veröffentlicht am
03.01.2023

Anita Tillmann a lancé il y a vingt ans le salon de mode allemand Premium, qui fêtera cet anniversaire lors de sa prochaine édition du 17 au 19 janvier 2023, à Berlin. Dans une interview accordée à FashionNetwork.com, elle évoque les défis des années de crise, les nouvelles opportunités, mais aussi les atouts de la prochaine génération. 


Anita Tillmann - PREMIUM GROUP


FNW : La première édition de Premium a eu lieu en 2003. Comment le salon a-t-il évolué depuis ses débuts?

AT : Les salons sont le théâtre idéal pour nouer des liens commerciaux, surtout pour les nouveaux venus sur le marché. La liste des marques qui ont évolué et se sont développées avec nous est longue. Les salons constituent encore aujourd'hui des plateformes qui permettent de se présenter au secteur, que ce soit par le biais de collections, de nouveaux concepts ou de réorientations de marques déjà établies. Il y a vingt ans, le commerce était très homogène dans toutes les villes, tout se ressemblait. Nous avons changé cela à l'époque. Cette évolution a encore été accélérée par la mondialisation et la numérisation, et l'offre dans et pour le commerce est aujourd'hui beaucoup plus hétérogène qu'elle ne l'était par le passé.

FNW : L'été dernier, le salon a fait son grand retour en physique. La joie de ces retrouvailles était clairement perceptible sur place. En revanche, des critiques ont été émises à propos de la clarté de l'offre. Des changements ont-ils été mis en place pour l'édition qui s'annonce?

AT : Cette manifestation de relance du salon a été différente pour un certain nombre de raisons, surtout à cause de l'incertitude de l'organisation due au Covid et de cette notion de court terme qui en résultait. Ça été, il est vrai, un peu compliqué. Malgré tout, nous avons pris les retours et les commentaires très au sérieux, et nous avons donné suite aux souhaits d'amélioration. Le salon de janvier sera organisé de façon plus compacte, claire et structurée. Nous serons cette fois à l'entrée sud de la foire et occuperons des halls qui permettront une autre structuration des assortiments. On y présentera des vêtements pour femme, pour homme, des chaussures et des accessoires, et il y aura notamment un salon de beauté.
 
FNW : Les marques durables souhaitaient en outre - après le retrait de Neonyt de Berlin- un hall globalement durable. Y a-t-il des avancées à ce sujet?

AT : Nous y travaillons. Près de cent marques plus durables seront présentées, la plupart sur le salon Seek. Mais Premium présente également quelques marques plus durables et prometteuses. Le portefeuille est large.
 
FNW : Comment le thème de la durabilité a-t-il évolué depuis le début du salon?

AT : Nous soutenons des marques durables et des entreprises sociales depuis 2006 déjà. Nous avons commencé à l'époque avec une "Green Area", que nous avons continué à développer jusqu'à aujourd'hui. Des symposiums, des conférences d'experts et d'autres projets et initiatives innovants sont venus s'y ajouter. Aujourd'hui, toutes les activités sont regroupées sous le Premium Group Conscious Club, que nous avons relancé la saison dernière. Je trouve également intéressant d'observer que les marques et les designers qui arrivent sur le marché adoptent la thématique de la durabilité comme une évidence et la mettent en place naturellement.

FNW : Comment le commerce a-t-il mué dans ce domaine? 

AT : Les grands retailers allouent désormais environ cinq à dix pour cent de leur budget d'achat aux marques durables. Lors de nos entretiens avec les enseignes et les détaillants, nous avons constaté que beaucoup d'entre eux souhaitent se consacrer à la durabilité, mais ne savent pas par où commencer. La durabilité est un sujet très complexe et multidimensionnel, et les entreprises individuelles ont besoin de solutions individuelles. C'est ce que nous souhaitons proposer, en collaboration avec Studio MM04. Pour ce faire, nous présenterons des marques modèles qui ont déjà intégré avec succès la durabilité dans leur stratégie d'entreprise.

FNW : Le festival de mode The Ground, destiné aux consommateurs finaux, s'est tenu pour la première fois l'été dernier. Qu'ont pu en retirer les acteurs de la distribution et les marques?

AT : Nous avions déjà annoncé à l'époque que nous allions tester pour la première fois en été ce festival, axé sur la génération Z. Nous avons beaucoup investi, nous avons beaucoup appris et nous continuons à le faire pour mieux comprendre cette jeune génération. L'objectif est d'encourager les enseignes à faire des activations de marque et à entamer un dialogue direct avec le consommateur final. En outre, nous montrons quels formats d'événements et quelles activations peuvent être mis en place dans le commerce physique afin de développer l'événementiel dans ce secteur, et ainsi interpeller de nouveaux clients, les conquérir et divertir la clientèle existante.

FNW : Quels sont les changements impulsés par la nouvelle génération?

AT : Cette génération aborde le changement de manière plus naturelle, ce qui la rend beaucoup plus réaliste. Les rôles et les idéaux traditionnels sont remis en question, ce qui entraîne un changement des valeurs. La génération Z agit de manière très ciblée et orientée vers son objectif. Il est clair que cette attitude va entraîner de nombreux changements pour notre secteur. En discutant avec les exposants et les détaillants, je constate aussi une envie de légèreté et d'insouciance, alors que tout le monde regarde en arrière. Je trouve que se pencher sur le présent et l'avenir constitue une approche beaucoup plus intéressante et constructive.

"Le défi consiste avant tout à préserver le moral des gens, mais aussi celui du secteur"



FNW : En ce mois de janvier, Premium se déroulera à nouveau parallèlement à la Berlin Fashion Week. Vous attendez-vous à des effets de synergie?

AT : Il y a clairement des synergies qui se mettent en place. C'était aussi le but de cet événement, et tout le monde est ravi que ce soit à nouveau le cas. Nous travaillons en étroite collaboration, notamment avec le Fashion Council Germany, dont je suis cofondatrice, et dont Premium Group est membre fondateur. Le nouveau lieu des défilés dans les "Kant-Garagen" (un parking à plusieurs étages dans le quartier berlinois de Charlottenburg, ndlr) n'est qu'à dix minutes de chez nous. Nous coordonnons largement nos rendez-vous, et plusieurs événements communs sont prévus. 
 
FNW : Le secteur souffre des suites de la pandémie de coronavirus, de la crise énergétique actuelle et de l'augmentation des coûts. Quels sont les nouveaux défis qui en découlent pour le Premium Group en tant qu'organisateur de salons?

AT : Actuellement, beaucoup d'exposants et de commerçants ne vont pas bien économiquement. Les prêts débloqués lors de la pandémie de Covid doivent être remboursés. À cela viennent s'ajouter la guerre en Ukraine, la crise énergétique, les difficultés de livraison, l'inflation et les craintes existentielles qui en découlent. Le défi consiste avant tout à préserver le moral des gens, mais aussi celui du secteur. Personne ne remet en question un regroupement organisé du secteur et une rencontre en présentiel. Les retours que nous obtenons du secteur sont en notre faveur. Le marché Dach (Allemagne, Suisse et Autriche) est également toujours plus fort que tous les autres marchés en Europe. Pourtant, nous sommes tous confrontés aux mêmes défis. Comment pouvons-nous réussir ensemble à relancer le secteur en l'entraînant dans un flux positif? Il faut que tout le monde participe et voit ces périodes de changement comme des opportunités, même si c'est parfois difficile.

FNW : Cette période de défis se reflète-t-elle dans la planification du salon?

AT : Le salon reflète, d'une part, les nouvelles tendances et, d'autre part, le marché. Quand le marché est en pleine croissance, les salons le sont aussi. Si l'activité est modérée à l'extérieur, cela se reflète aussi chez nous, sur le paysage des salons. On peut donc dire qu'il faudra probablement attendre plutôt le deuxième semestre 2023, voire l'année 2024, avant de retrouver la situation telle qu'elle était avant le Covid. Mais 2023 s'annonce déjà bien mieux que les deux dernières années, c'est pourquoi nous regardons malgré tout vers l'avenir avec confiance.
 
FNW : Quelles opportunités voyez-vous pour le secteur malgré la crise actuelle?

AT : Après vingt ans, un nouveau cycle commence, celui du consommateur et des communautés. Si l'on regarde les chiffres du marché, on constate que le commerce physique a moins souffert que prévu. Le commerce électronique a certes explosé au plus fort du Covid, mais les choses se sont depuis stabilisées. A présent, le commerce physique peut à nouveau pleinement s'exprimer en montrant de nouvelles choses et en suscitant des émotions différentes. Parallèlement, les plateformes de e-commerce doivent également faire évoluer leur mix de marques et produits. Et quel meilleur endroit que le salon pour offrir cette belle vue d'ensemble?

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