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Clémentine Martin
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21.02.2023
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Andrés Fernández (Mango): "Notre stratégie durable force les créatifs à se tourner vers les fibres alternatives"

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Clémentine Martin
Veröffentlicht am
21.02.2023

Mango a de grandes ambitions pour 2030. Présentée en décembre dernier, la nouvelle stratégie de développement durable de la griffe catalane inscrit la RSE dans ses valeurs d’entreprise et son modèle commercial, en toile de fond de tous ses autres projets. Depuis 20 ans, Mango renforce petit à petit son équipe dédiée à la protection de l’environnement et des personnes, qui compte aujourd’hui 20 employés. L’étiquette Committed a été remplacée par un code QR informatif, la liste complète des fournisseurs de tissus et d’accessoires de la société a été publiée, une première collection en denim recyclé et recyclable a été lancée il y a quelques jours… Pas de doute: la marque espagnole est en pleine mue responsable. Pour en savoir plus, FashionNetwork.com a rencontré son directeur du développement durable et du sourcing depuis 2020, Andrés Fernández. Cet ingénieur industriel formé à l’Université Polytechnique de Catalogne est entré dans l’entreprise il y a maintenant onze ans et a occupé plusieurs postes à responsabilité au département des achats avant d’endosser son rôle actuel.



Andrés Fernández, directeur du sourcing et du développement durable chez Mango - Mango


FashionNetwork.com: Quels sont les changements concrets qui vont affecter la production avec la nouvelle stratégie de développement durable de Mango?

Andrés Fernández: L’année dernière, Mango a présenté une nouvelle stratégie pour 2030 avec des objectifs de développement durable encore plus ambitieux, affectant les vêtements et les processus de toute l’entreprise. Pour atteindre notre but, nous nous appuyons sur trois piliers. Tout d’abord, l’utilisation de fibres alternatives, plus écoresponsables ou recyclées. D’ici 2025, tout le coton de nos collections sera d’origine durable, tout le polyester sera recyclé et toutes les fibres de cellulose seront d’origine contrôlée. Ensuite, le choix de processus de production aidant à minimiser l’impact écologique des produits, en réduisant l’utilisation de produits chimiques et d’eau, comme pour notre collection de denim circulaire.

Le troisième pilier, c’est le design circulaire, qui passe à son tour par trois lignes d’action: créer des vêtements avec des patronages plus simples, réalisés en une seule fibre ou avec moins d’accessoires, pour faciliter le recyclage. Deuxièmement, produire des vêtements plus résistants en sélectionnant des matières ayant des propriétés physiques certifiées par AITEX, en renforçant la structure des vêtements et en privilégiant des designs intemporels. Enfin, optimiser l’utilisation des matières premières et le recyclage des chutes textiles.

FNW: Cette évolution va-t-elle avoir un impact sur vos pratiques ou sur le design de vos produits?

A.F: Cette nouvelle stratégie force les créatifs à se tourner vers des fibres alternatives qui sont actuellement développées dans le secteur. Pour cela, nous devons absolument pouvoir compter sur le soutien de nos fournisseurs, car ce sont eux qui nous donnent accès aux résultats de toute cette R&D.

Tout cela a des conséquences sur le processus de design des vêtements et sur la façon de les produire: confection en une seule fibre, suppression d’accessoires comme les rivets ou les étiquettes en croûte de cuir, modification des processus avec le recours à des technologies de production permettant de réduire l’utilisation de produits chimiques et d’eau et utilisation de technologies 3D pour diminuer le nombre de prototypes fabriqués.

FNW: Quels sont les principaux défis à relever pour mettre en œuvre cette stratégie?

A.F: Le design circulaire représente une nouvelle méthode de travail pour tous les départements: le design, les achats, le produit… Le premier défi concerne la formation: au cours du développement du produit et pendant tout le processus de fabrication, nos équipes sont en apprentissage constant. Elles doivent se former, s’adapter, rassembler toutes leurs connaissances en lien avec l’éco-design et se tenir au courant de toutes les innovations dans ce domaine en constante évolution.


Campagne de la première collection de denim recyclé et recyclable de Mango - Mango


FNW: Comment les collections et les pièces écoresponsables sont-elles accueillies par votre clientèle?

A.F: Les collections et les vêtements plus écologiques sont appréciés du public, mais d’après moi, le développement durable ne devrait pas être un argument d’achat pour nos clients, mais plutôt un prérequis pour les marques. Les clients doivent acheter des vêtements qui leur plaisent, sont de bonne qualité, etc. La durabilité ne devrait pas être un critère de choix. C’est un engagement que nous devons prendre, nous, les entreprises. Chez Mango, les clients aiment nos designs, la qualité de nos produits, le prix n’est pas un argument. Au final, si un vêtement est beau et de bonne qualité, s’il plaît et s’il semble durable, le prix n’est plus vraiment un critère.
 
FNW: Justement, cette transition a-t-elle des conséquences sur le prix des produits?

A.F: Le développement durable n’est pas un argument de vente, c’est une valeur ajoutée. Certains processus ou fibres peuvent engendrer une hausse des prix, comme le coton recyclé, en raison de la complexité des processus qu’il implique. Mais certains aspects, comme l’élimination des accessoires inutiles, nous permet de compenser. Plus le temps va passer et plus nous réaliserons des économies d’échelle, le coût final finira par baisser. Plus il y aura de fibres recyclées, plus les prix seront compétitifs, comme c’est arrivé il y a quelques années avec les cotons écoresponsables.

FNW: Connaissez-vous des difficultés d’approvisionnement en matières responsables?

A.F: Depuis quelques années, la demande en matières plus écologiques est en croissance exponentielle. Ces matières sont donc plus difficiles à trouver pour plusieurs raisons: d’une part, parce que beaucoup d’entreprises en ont besoin en même temps et l’offre est insuffisante; et d’autre part parce que les coûts restent supérieurs à ceux des fibres traditionnelles, même s’ils ont sensiblement diminué depuis quelques années. Le processus de production de ces fibres reste plus complexe et plus coûteux.


La mannequin américaine Indira Scott dans la dernière campagne de Mango - Mango


FNW: Envisagez-vous d’arrêter d’utiliser du cuir et de le remplacer par d’autres types de fibres à l’avenir? Si oui, pourquoi?

A.F: Pour le moment, nous n’envisageons pas de renoncer au cuir, car il n’existe pas d’alternatives équivalentes en qualité et en prix à cette matière naturelle. Les cuirs que nous utilisons, qui représentent un très faible pourcentage de nos produits, viennent tous du Leather Working Group: nous pouvons garantir qu’ils sont d’origine responsable grâce à la mise en œuvre de meilleures pratiques au cours de la production et du tannage. De plus, toutes les matières animales que nous utilisons dans nos vêtements et nos accessoires sont en accord avec notre politique de bien-être animal et proviennent d’animaux destinés à la chaîne alimentaire humaine.

FNW: Une question parfois dérangeante pour les marques textiles: comment peut-on promouvoir à la fois la consommation et le respect de l’environnement?

A.F: Les vêtements et les chaussures sont des produits de base pour une économie stable. La stratégie à suivre consiste à garantir que le design, la production et l’utilisation soient aussi écologiques que possible.

C’est pourquoi il est indispensable que les entreprises aient un département de développement durable avec une vision globale, pour établir une feuille de route à suivre dans toute la chaîne de production. Chez Mango, ce département existe depuis 2022. Pour nous, le développement durable est un engagement que doit prendre l’industrie de la mode pour promouvoir une société plus juste et pour réduire son impact environnemental.

Il est aussi primordial que les efforts ne soient pas seulement individuels, mais aussi collectifs. Les entreprises sont en train d’unir leurs forces et de former des coalitions et des associations dans le secteur, comme Fashion Pact, International Accord, UN Fashion Charter ou Asociación para la Gestión del Residuo Textil, dont Mango occupe actuellement la présidence.

Nous devons redonner le pouvoir aux consommateurs. Mieux ils seront informés et plus ils pourront agir et prendre des décisions réfléchies. C’est pourquoi Mango supprime progressivement l’étiquette Committed de ses vêtements pour la remplacer par un code QR conduisant à notre page web, où l’on trouve des informations sur la composition, le lieu de création et de fabrication du produit, dans le but d’apporter une valeur ajoutée et de la transparence à nos clients.

FNW: Quel investissement l’entreprise va-t-elle réaliser pour mettre en œuvre sa stratégie de développement durable pour 2030?

A.F: Nous ne communiquons pas les données de financement de projets internes à l’entreprise.

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