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15.01.2023
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A Milan, JordanLuca, Magliano et Federico Cina jouent avec le vestiaire masculin

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15.01.2023

A côté des ténors du made in Italy, de nouveaux jeunes labels sont prêts à prendre le relais. Comme l’ont illustré, une fois de plus, JordanLuca, Magliano et Federico Cina, qui ont confirmé leur potentiel ce week-end à la Fashion Week masculine de Milan, dédiée à l’automne-hiver 2023/24. Chacun se distinguant par ses propre langage et vision, à travers des collections et propositions originales, faisant la part belle aux savoir-faire des tisseurs et tailleurs transalpins.


JordanLuca, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


A un an exactement de ses débuts sur les podiums milanais, JordanLuca se confirme comme l’un des noms les plus intéressants du moment. Le label de streetwear couture, fondé à Londres en 2018 par l’Anglais Jordan Bowen et l’Italien Luca Marchetto, a gagné en maturité, sans perdre pour autant de son caractère. Il enrichit son univers en présentant pour la première fois une collection féminine.

En bustier et jean effiloché "patte d’oiseau", évasé avec sa traîne triangle à chaque pied, ou en kilt et blouson noirs, les filles ont de l’allure. Tout comme ce blondinet vêtu d’une veste en peau retourné rose, effet reptile, avec sa minijupe assortie. "Nous avons commencé à tester le marché il y a un an, en introduisant quelques pièces pour femmes, avec des retours encourageants. Tous nos modèles féminins sont portables par l’homme et vice versa. Notre collection est moitié féminine, moitié masculine, en offrant toutes les tailles de la XXS à la XL", glisse Luca Marchetto en backstage.

Pour l’hiver prochain, le duo a travaillé en particulier sur la silhouette, avec le talent sartorial italien qu’on lui connaît, revisité dans un esprit british underground. L’idée était de créer une nouvelle silhouette, qui puisse traduire l’état d’esprit du moment. "Entre crise économique, crise écologique, guerre et tensions géopolitiques, nous avons voulu nous centrer sur le moment présent. Affirmer haut et fort que nous sommes là, avec la force d’aller de l’avant", nous explique le styliste.

D’où cette forme "bouledogue" donnée aux vêtements, avec les épaules et le haut du dos légèrement bombés, et le devant des blousons ou chemises axé vers l’avant par le biais de poches latérales, dans lesquelles se nichent les mains, comme lorsqu’elles s’enfoncent dans les poches d’un sweat-shirt. Les deux créateurs reproposent, au-delà de leur pantalon signature, également toute une gamme de kilts, pièce forte de la marque, fabriquée en laine en Ecosse ou déclinées dans d’autres matières, y compris en jersey, à l’occasion d’une collaboration avec le label de sportswear Londsale.

Trois slips en un



Ne manquent pas non plus les jeux de fermetures à glissière explorés la saison dernière, avec des zips barrant tour à tour le devant du pantalon à l’horizontal, ou placés derrière à la verticale, juste entre les deux fesses. La collection est bourrée également de nouvelles trouvailles ludiques. A l’instar de ces santiags transformées en sabots, de ces chemises affublées d’un double col ou d’un col orienté vers une épaule, où va se poser la cravate. Originale aussi cette ceinture-chaîne métallique, où les anneaux se dressent tous à la verticale ! Le tandem va jusqu’à détourner le phénomène du "sagging", soit le caleçon qui dépasse du pantalon, vu sur tous les podiums cette semaine, avec non pas un, mais bien deux slips sortant l’un sur l’autre d'un troisième slip.



Magliano, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


Magliano a également dévoilé dimanche une collection très réussie, introduisant lui-aussi la femme pour la première fois. Une femme, qui pioche avec naturel dans le dressing de son homme, empruntant ses belles chemises et grandes vestes, en resserrant juste à la taille un pantalon trop large. "En réalité, nous n’avions jamais prévu de nous tourner vers les femmes, mais celles-ci participent depuis toujours à l’univers de la marque. L’idée est d’aller aussi un peu dans cette direction et d’élargir toujours plus notre champ d’horizon", nous confie le designer Luca Magliano, qui a récemment ouvert son capital à un nouveau partenaire financier et commercial, l’accélérateur de marques de mode Underscore District.

Émergeant de la pénombre dans une lumière spectrale, avec en toile de fond des piles de chaises empilées, les mannequins avancent avec lenteur, alternant des jeans salis et usés associés à des tricots ou gros chandails avec des pantalons lâches, en velours ou en drap de laine, portés avec des chemises ou vestes trop grandes. Le tout dans une palette sombre et automnale.

Les looks semblent bricolés avec des vêtements trouvés à la dernière minute. Ainsi, certaines ceintures n’arrivent même pas à faire tout le tour de la taille. D’autres sont fabriquées à partir de longs crins tressés, telle une chevelure. Une couverture de surplus militaire se transforme en manteau, tandis que de vieux pull-overs en cachemire sont reconditionnés avec un effet feutré. Sous cette apparence improvisée, la collections se révèle cependant très sophistiquée, en particulier à travers une recherche et un travail incroyable autour des matières, mélangeant jersey de laine, tulle, crêpe de nylon et mohair.

"Les matières sont simples. Cela va du polaire trouvé chez Decathlon à des choses que l’on ne rencontre qu’en Italie", résume dans un sourire le styliste, qui utilise notamment du tissu en bambou et a fait appel cette saison au fabricant novateur Minardi Piume pour le rembourrage de certaines vestes avec une matière biodégradable issue uniquement de fleurs, tandis qu’il a collaboré aussi avec le spécialiste des chaussures de chantier U-power.

Comme d’habitude, Luca Magliano s’attache, en effet, à mettre en avant les laissés-pour-compte et célèbre en particulier dans cette collection la figure de l’ouvrier. Cet homme confronté à une vie de labeur, qui se protège avec des tenues chaudes aux matières brutes, des vestes jacquards peluche aux gilets ou maillots de corps tricotés main, en passant par les blousons en laine à maxi poches amovibles, tout en préservant sa dignité avec ses costumes, ses élégantes vestes-robe de chambre, et ses chemises fluides, dont les bords se prolongent et s’entortillent en longues tresses. "La collection exprime une certaine souffrance. C’est un hymne à la fragilité", conclut Luca Magliano.


Federico Cina, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


On retrouve ce même travail expérimental dans les textures chez Federico Cina, qui utilise également de vieilles couvertures pour confectionner des capes-manteaux ou fait appel à des traitements et lavages spéciaux pour créer des effets d’usure sur certaines vestes délicates. Les vêtements effilochés ou frangés s’allongent langoureusement.

Artisanat italien


 
Après avoir quitté son Emilie-Romagne natale pour s’attaquer au monde, de New-York à Osaka, travaillant pour les grandes maisons, le créateur éponyme a choisi de rentrer chez lui en 2019 pour y lancer sa marque, centrée sur l’artisanat et l’esprit local. Ainsi, l’on retrouve les feuilles et grappes de raisin devenues le symbole du label -ces motifs décoraient les nappes autrefois de cette hospitalière région du centre de l’Italie- sur de superbes gilets et cardigans jacquard.
 
Le styliste excelle dans la maille, en variant les plaisirs, du crochet au larges points en grosse laine, en passant par les patchworks. Il propose aussi des chemises ajourées telles de la dentelle, reprenant son motif fétiche de la grappe de raisin, ou des tricots 3D. Il s’amuse cette saison à décomposer entièrement certaines pièces, comme les pantalons, par le biais de carrés de tissus détachables. 

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